Les grands buts qu’il a marqués…

Fouzi Lekjaa, président de la FRMF

D’un naturel discret, le président de la FRMF a savouré sans trop le montrer l’épopée qatari des Lions de l’Atlas qui le récompensent de ses efforts remarquables  à la tête de la fédération. Portrait d’un manager atypique.

La consécration des Lions de l’Atlas lors du mondial du Qatar est aussi celle de Fouzi Lekjaa. Dans cette épopée qui a déclenché une vague sans précédent faite de joie et de fierté contagieuse  au Maroc  mais aussi en Afrique et dans le monde arabe, M. Lekjaa a mis du sien. Et pas qu’un peu. Passionné du ballon rond dès sa tendre enfance, ce natif de Berkane en 1970 a joué pour l’équipe junior du club local, la Renaissance de Berkane (RSB), dont il présidera aux destinées pendant une décennie avant de démissionner en août 2019 lors d’une assemblée extraordinaire du club  et céder le flambeau à son dauphin Hakim Ben Abdellah pour cause d’incompatibilité. M. Lekjaa ne pouvait pas cumuler pour longtemps encore la présidence de la RSB avec la casquette de président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) qu’il occupait depuis 2014. « C’est une occasion pour mon successeur. Je le félicite et je suis certain qu’il fera mieux que son prédécesseur car il a tout ce qu’il faut pour réussir et poursuivre le travail entamé», dit-il au micro de la chaîne sportive Arriyadia.

Modernisation

Le travail entamé ?  Lekjaa a la réussite modeste. Sous sa direction, le RSB a subi depuis qu’il en a pris le contrôle en 2009 une transformation en profondeur, lui permettant de sortir de l’ombre écrasante du club-phare de l’Oriental qu’est la Mouloudia d’Oujda qui prenait toute la lumière. Les efforts entrepris aboutissent deux ans plus tard :  la RSB monte en 2011 en première division. «L’ascension du RSB n’est pas le fruit du hasard ; elle est l’aboutissement d’une vision ambitieuse et d’un travail acharné mené au pas de charge par M. Lekjaa et son équipe », explique un connaisseur du football national.

Depuis, le club  fondé en 1971 multiplie les performances et décroche les sacres, au grand bonheur de ses fans. Le premier titre de son histoire est   la coupe du trône décrochée en 2018 et qu’il remporte de nouveau en 2021. Ces consécrations le qualifient à disputer  la Supercoupe de la CAF que les Oranges raflent  pour la première fois de leur existence en 2022 en battant le Wac 2 à 0.

C’est la passion du football qui  n’a jamais quitté Fouzi Lekjaa qui l’a mené sans doute à la tête de la FRMF où il a initié un vaste chantier de professionnalisation du football malgré les fortes résistances des clubs. Sans oublier  la réalisation, conformément aux hautes instructions royales, du programme de modernisation et de construction d’infrastructures sportives d’envergure et la création de nombre d’académies sportives aux standards internationaux dont celle de Mohammed VI pour le football  qui a produit deux grands Lions de l’Atlas, Azeddine Ounahi et Youssef En-Nesyri.      

Ce travail de restructuration et du développement du foot national, il le conduira  parallèlement à une diplomatie sportive dynamique à l’échelle de la Confédération africaine de football (CAF) dont il occupe depuis 2017 le poste de deuxième vice-président. Une première. Le leadership politique et économique du Maroc  sur le continent n’était pas incarné jusque-là  dans les cénacles du football africain. La donne change avec  le retour  du Royaume en 2016 à l’Union africaine (UA) qu’il avait quitté en 1984 en guise de protestation contre l’admission de la chimérique RASD au sein de l’ex-OUA. Depuis, le Royaume multiplie les victoires diplomatiques  sur plusieurs fronts y compris celui  sportif. Fouzi Lekjaa qui a su accompagner cette nouvelle dynamique par des actions fortes et intelligentes est aujourd’hui un  patron influent du football continental ; ce qui fait jaser ceux qui avaient la mainmise sur ses rouages,  essentiellement l’Algérie qui s’offrait des faveurs indues à coups de la diplomatie du chéquier. Cette ère est désormais révolue et le Maroc en profite grâce à l’entregent de Lekjaa pour  marquer des buts dans le camp adverse. Au rang des victoires remportées, la décision adoptée par la CAF, lors de son assemblée générale du 12 mars 2021 tenue à Rabat, de ne plus accepter en son sein un nouveau membre s’il n’est pas reconnu par l’ONU comme un État indépendant. Autrement dit, la chimérique RASD sponsorisée par l’Algérie ne pourra jamais, grâce à cet amendement important, rêver d’un siège à la CAF.

Méritocratie

Sous la férule du président de la FRMF, la sélection nationale renoue aussi  avec les performances-la preuve par l’épopée qatarie- et les clubs du championnat national  jouent les premiers rôles dans les compétitions continentales. Le foot national rayonne sur le continent mais aussi à l’international, à la faveur du Mondial 2022. Cerise sur le gâteau, Fouzi Lekjaa devient en mars 2021 le premier Marocain à intégrer le Conseil exécutif de la Fifa. Un titre qui sonne comme un couronnement des efforts de celui qui a contribué grandement avec le président de la CAF,  le Sud-Africain  Patrice Motsepe, à rénover l’action de la confédération en la débarrassant des réflexes du passé. Le patron de la Fifa, Gianni Infantino, apprécie les qualités de manager et le courage réformateur du responsable du foot national. Ingénieur agronome formé à l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) de Rabat,  Fouzi Lekjaa est un prodige au parcours atypique.
A l’instar de la majorité des lauréats de cet institut, le jeune Fouzi intègre le ministère de l’Agriculture en tant que fonctionnaire  au sein de l’Établissement  autonome de contrôle et de coordination  des  exportations (EACCE) basé à Casablanca. Mais il se sent  vite à l’étroit dans son poste et démarre, parallèlement à son travail, une formation  à l’École nationale d’administration (ENA) où il excelle. Ses bonnes notes lui ouvrent la voie de l’inspection générale des finances (IGF) qu’il rejoint en 1996 avant d’intégrer la direction du budget comme chef de la division  des secteurs administratifs en charge des secteurs  de souveraineté comme la Défense nationale, l’Intérieur ou les Affaires étrangères. Esprit brillant qui apprend vite, il sera ensuite appelé pour renforcer la division du secteur agricole et de la compensation. Il y reste près de 7 ans au cours desquels il mène diverses missions de négociation  dans le cadre notamment de l’accord de libre-échange Maroc-USA, l’accord agricole avec l’UE ou  l’élaboration du Plan Maroc Vert (PMV). Promu directeur du Budget en 2010, il en devient le patron quelques mois plus tard  suite au départ à  la retraite de son prédécesseur. Issu d’une famille modeste, pur produit de l’école marocaine, infatigable au travail, Fouzi Lekjaa incarne la méritocratie qui lui a permis de se hisser, à la seule force du poignet,  jusqu’à la plus haute marche de la décision financière. Ministre du budget dans le gouvernement Akhannouch, à l’aise aussi bien sur le terrain sportif que sur l’arène politique,  il a entrepris dès la prise de ses fonctions d’imprimer sa marque à un département stratégique qui cristallise toutes les attentes.  

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