La Fédération nationale des centres d’appel et des métiers de l’offshoring (FNCAMO), affiliée à l’Union Marocaine du Travail (UMT), a adressé à Moulay Hafid Elalamy une correspondance en date du 5 décembre relative à son projet pour le moins troublant de création de centres de formation de Freelancers dans le secteur de l’Offshoring. Ces derniers sont destinés, selon un exposé que le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Économie Numérique et Verte, a fait il y a quelques semaines au Parlement (Voir le Canard Libéré n° 627 du 27 novembre), aux salariés touchés par la crise sanitaire. Dans son courrier, la fédération, dirigée par le jeune et dynamique Ayoub Saoud, dénonce en des termes clairs une volonté d’ «ubérisation du secteur de l’Offshoring qui compte à date plus de 80.000 salariés majoritairement dans la filière Centres d’Appel». Une ubérisation qui va à l’encontre du «projet d’envergure annoncé par Sa Majesté le Roi Mohamed VI» visant à «réussir le challenge de la généralisation de la protection sociale».
Livrer les employés des centres d’appel déjà soumis à une forte exploitation à une précarisation sans aucune protection sociale n’est certainement pas le meilleur moyen de promouvoir l’emploi et défendre les intérêts des travailleurs. Le sous-emploi dont rêve Moulay Hafid, qui est également opérateur du secteur de l’offshoring, fait déjà des ravages dans le secteur des livraisons à la sauce Jumia ou Glovo avec une armée de livreurs pris dans une course à moto périlleuse et interminable et sans la moindre protection pour gagner quelques dirhams en fin de journée… Le ministre va-t-il renoncer, comme l’y a invité la FNCAMO, à son projet destructeur de précarisation de l’offshoring, certes très intéressant pour les patrons mais préjudiciable pour les téléopérateurs ?