Le dernier rapport de la Cour des comptes relatif à l’audit des comptes des partis politiques au titre de l’année 2022, rendu public mercredi 28 février, a fait réagir certaines formations politiques. A commencer par l’USFP. Et pour cause…
Ce rapport est de nouveau édifiant quant à la manière dont la classe politique continue à gérer la subvention publique, en dehors des règles de transparence et de sincérité des comptes. Ce qui a obligé les partis épinglés de restituer l’argent non utilisé ou dont la dépense n’a pas été justifiée.
Pas vraiment surpris car connaissant bien les pratiques de la boutique partisane nationale, les magistrats ont de nouveau découvert des vertes et des pas mûres qui laissent penser que l’opacité demeure la norme la mieux partagée par les partis. Au fil des pages de cette enquête, on apprend ainsi que 17 partis n’ont pas été capables de justifier les salaires de leurs employés, alors que 13 autres n’ont jamais fourni ni justificatif, ni contrat pour prouver le montant du loyer du local de leurs locaux. Autre joyeuseté , 11 enseignes partisanes ont engagé des dépenses exceptionnelles ou imprévues sans les accompagner de documents attestant matérialisant leur caractère effectif.
Au lieu d’améliorer leur gestion financière , les partis politiques ont fait pire qu’en 2021, puisque leurs dépenses «illégales», basées sur des justificatifs insuffisants ou inexistants, ont bondi de 4% en 2022. La classe politique avance. Mais en mode marche arrière.
On sait maintenant à quoi ressemble leur gouvernance lorsqu’ils arrivent aux affaires… S’agissant de la rallonge annuelle de 20,10 MDH accordée à 7 partis politiques en 2022 pour couvrir les frais de mission, de recherches et d’études, le rapport de la Cour des comptes révèle que quatre partis ont restitué 3,5 MDH au Trésor pour non-utilisation. Par ailleurs, 5 partis ont remboursé la somme de 15,64 MDH faute d’avoir alloué cette manne aux études. Par manque d’idées ou absence d’enthousiasme ou les deux à la fois ? Les chefs de partis gagneraient à se rapprocher de leur confrère de l’USFP le grand Driss Lachgar qui a siphonné la quasi-totalité de l’argent dédié aux études…Suivre des cours accélérés dans ce domaine pointu chez Lachgar l’expert ne seraient pas de trop… Selon le rapport de la Cour des comptes, l’USFP a obtenu à ce titre , en date du 9 novembre 2022, un financement de l’ordre de 1,93 million de DH. L’État a tenu ses engagements, l’argent a atterri sur le compte bancaire du parti.
Népotisme
Tout baigne. Sauf que la quasi-totalité de cette somme a été engloutie par le cabinet d’études « Mela Stratégie & Conseil ». Un business fondé par un trio formé par Mehdi Mezouari, membre du bureau politique du parti
Hassan Lachgar, rejeton du secrétaire général et vice-président du groupe socialiste à la Chambre des représentants et Rime El Aked, réputée proche du directeur du groupe parlementaire.
A l’inverse de ses confrères qui n’ont pas trouvé le bon moyen de consommer la thune des études, papa Lachgar a été très inspiré. C’est merveilleux un papa qui refile au fifils un peu d’argent public pour sauver de la faillite une enseigne en mal de commandes créée juste en 2021… Népotisme bien ordonné commence par soi-même…Lachgar ne socialise pas les pertes, il « familiarise » l’argent public… Si seulement les assistés de Lachgar avaient fait les choses dans les règles de l’art en fournissant des études correctes. Ils n’ont pas eu cette exigence, à en croire les magistrats de la Cour des comptes qui ont pointé l’absence d’accords détaillant les conditions spécifiques et le prix unitaire de chaque étude, ainsi que la non- conformité des livrables au nombre de 23 aux normes de base à la démarche scientifique reconnues en la matière. Scandale… Saisissant la balle de cette belle incurie politique au vol, le secrétariat régional de la Jeunesse de l’USFP en France se fend d’ un communiqué où elle plaide pour l’ouverture d’une enquête indépendante sur l’attribution des projets de soutien et des contrats à certains membres du parti. Agacé par les griefs précis de l’institution dirigée par la très sérieuse Zineb El Adaoui, papa Lachgar a profité de la tribune du congrès régional du parti à Casablanca pour lui voler dans les plumes. Tout en invitant la Cour des comptes à émettre de manière directe toute accusation ou demande de clarification, l’avocat a dit son refus de se laisser entraîner dans des débats politiques stériles. Driss Lachgar a raison. Il n’aime s’engager que sur des terrains concrètement féconds pour ses proches.