Mal en a pris à Teleperformance qui s’est ramassée la plus forte baisse du CAC 40, en dévissant de 15,5%, à 172,75 euros. En cause, le projet annoncé par le leader mondial de la gestion de l’expérience client de lancer une offre publique d’achat (OPA) en numéraire et en titres sur l’intégralité des actions du groupe Majorel coté à la Bourse d’Amsterdam.
« Teleperformance propose un prix de 30 euros par action représentant un montant total d’acquisition de 3 milliards d’euros », a expliqué le candidat au rachat dont le projet a été visiblement mal accueilli par le marché. Pour sa part, l’action Majorel bondissait de 38,4% à 29 euros au même moment à la Bourse d’Amsterdam. Majorel, le vendeur, c’est une enseigne, née en 2019, détenue à parts égales (39 % chacun) par le groupe Saham de Moulay Hafid Elalamy et le groupe allemand Bertelsmann. Les deux entreprises se sont associées dès 2003 pour développer sous la marque Phone Group des centres d’appel au Maroc et à partir de 2014 en Afrique subsaharienne. C’est la deuxième fois que le groupe Majorel, domicilié au Luxembourg, cherche à se faire racheter par la concurrence. Annoncé en grande pompe le 20 juin 2022, un méga deal avec Sitel Group tombera finalement à l’eau. Un début d’explication de cet échec sera donné par Forbes magazine qui a fait état de désaccords ayant surgi suite à « une asymétrie financière de la capacité d’endettement entre les deux entreprises (…). Les chances de succès de la fusion ont été aliénées vu que l’une des deux parties serait très endettée ». Selon la publication, américaine, l’opération de croissance externe réalisée par Sitel, financée par endettement a, compte tenu de l’évolution des taux d’intérêts, altéré la modélisation financière initiale. Le groupe Majorel aurait refusé la proposition de Sitel de garder « les paramètres originels du deal ».
Moulahom Hafid et son partenaire allemand ont visiblement péché par gourmandise alors que Sitel était prêt à payer 440 millions d’euros ( à partager entre Saham, Bertelsmann et les actionnaires en bourse ) pour prendre le contrôle de Majorel. Mal en a pris à Moulahom et ses partenaires. Le rapprochement de Teleperformance et Majorel pourrait donner naissance à un groupe réalisant environ 12 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel dans les services aux entreprises en solutions numériques.
Quelle lecture faire du grand dévissage en bourse de l’action de Teleperformance après l’annonce de son projet de rachat de Majorel ? Est-ce-à-dire que Majorel, dont les principaux actionnaires cherchent à s’en débarrasser à tout prix, n’est pas une bonne affaire et que leur business des centres d’appel sonne creux?