Mustapha Ramid, ministre d’Etat chargé des Droits de l’Homme

Engoncé dans une djellaba de couleur noire, la mine terne, le ministre d’Etat chargé des Droits de l’Homme et des Relations avec le Parlement a donné au Canard rendez-vous dans un café obscur, situé en bas de l’immeuble où se trouve son étude d’avocat à Casablanca.

Mais qu’est-ce que vous êtes en train de faire ?

Je rédige une pétition nationale contre les abus des assistantes qui exigent de travailler au noir pour des salaires de misère et qui après leur mort  mettent leurs patrons dociles dans  l’embarras total… Il faut que cette injustice cesse et vite.

Est-ce votre nouveau combat en tant que ministre des Droits de l’homme ?

Absolument. Je ferai tout pour défendre les droits de l’homme politique, islamiste de préférence, persécuté par des secrétaires aux intentions douteuses. Y en a assez de ces salariés misérables non immatriculés à la CNSS à l’insu de leur plein gré et qui sont porteurs d’insécurité politique pour les professionnels de la duplicité et de  la  dissimulation de bonne foi dont je suis le nouveau symbole. Pour lutter contre ces délateurs dangereux,   je pense déposer un projet de loi…

Un projet de loi ! Connaissez-vous la loi M. Ramid ?    

Oui, je connais  la loi de l’aumône à la petite semaine et du caritatif politique intéressé, accompli dans l’underground  au profit des miséreux sans voix. Ceux-là, puisse Dieu les récompenser de leur naïveté,  nous rapportent des voix précieuses à chaque rendez-vous électoral…

Ces électeurs sont plus rentables que les salariés déclarés à la CNSS?

Arrêtez de me raser  avec la CNSS qui après tout n’est pas un pilier de l’islam et donc pas une obligation religieuse. Aux esprits tordus qui se demandent comment un ministre d’Etat chargé des Droits de l’homme et ex-ministre de la Justice qui a osé violer les droits de son assistante peut-il défendre les droits des Marocains, je leurs réponds ceci :  je  ne défends que ma chapelle et mes titres ministériels n’ont jamais été une garantie de probité.

On a découvert aussi que votre collègue du parti et du gouvernement, en charge du travail,  Mohamed Amkraz, fait travailler au noir  des gens dans son cabinet d’avocat à Agadir…

Que mon frère et ami Amkraz soit dans  la même barque  que moi me console. J’invite les autres frères du PJD à se montrer solidaires de ma cause désespérée en s’auto-démasquant… C’est la série noire qui continue pour nous. Mais  sachez que nous sommes unis dans le noir, la couleur préférée du PJD.

Pourquoi les islamistes aiment-ils à ce point le noir ?

Car le noir est le code couleur de l’obscurantisme et du complot, de la tristesse et du désespoir, de la misère et de l’ombre, de l’inconnu et du mensonge, du pessimisme et de la misère. Tout ce que les islamistes incarnent parfaitement et défendent derrière le leurre de la lanterne, érigé en symbole de notre boutique partisane, est le produit de la noirceur…

D’ailleurs, au PJD, on adore faire nos petites courses au marché noir.

Peut-on dire que votre arrivée au pouvoir marque une période noire pour le Maroc et les Marocains ?

Sans aucun doute. (Il interpelle sèchement le serveur). Un café bien noir s’il vous plaît !

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