Opération “coup de poing“ dans la hiérarchie policière où 8 cadres ont été déférés, jeudi 8 avril, par le Bureau national de lutte contre les crimes économiques et financiers, relevant de la BNPJ, devant la Cour d’appel de Rabat dans le cadre d’un marché public jugé frauduleux. Celui-ci porte sur l’acquisition il y a quelques années d’équipements anti-émeutes pour plusieurs dizaines de millions de DH. Sauf que ces équipements, composés essentiellement de matériel autopompe, ces fameux véhicules qui envoient de l’eau à haute pression pour disperser une manifestation, sont défectueux. Objet d’une enquête conduite sous la supervision du parquet, les mis en cause sont fortement soupçonnés d’avoir organisé, avec la complicité d’un délégué d’une entreprise étrangère basé au Maroc, ce qui exhale les relents d’une transaction frauduleuse. Dans le lot des suspects figurent 5 responsables officiant dans les services centraux de la sûreté nationale. Un communiqué, rendu public par la DGSN, fait état d’une série d’infractions et d’abus dont se sont rendus coupables les accusés de différents grades, poursuivis pour dilapidation et détournements de fonds publics, divulgation du secret professionnel, corruption, falsification et complicité. Il s’agit d’un commissaire divisionnaire, un commissaire de police principal, un commandement de groupement, un commissaire de police et un officier de paix.
Les investigations ont été élargies à l’épouse d’un fonctionnaire de police impliqué dans cette affaire et un bijoutier de la ville de Meknès soupçonné d’avoir émis dans le cadre de cette affaire de fausses factures pour couvrir de légalité des transferts d’argent à l’origine douteuse. En d’autres temps, une telle affaire aurait été étouffée par peur du scandale, et n’aurait pas donné lieu à des poursuites judiciaires. Mais le directeur général de la sûreté nationale Abdellatif Hammouchi, connu pour sa fermeté et sa droiture, n’est pas du genre – ce qu’il a démontré suffisamment depuis la prise de ses fonctions en 2015 -, à couvrir les abus de ses collaborateurs, qu’ils soient de haut rang ou rivés en bas de l’échelle. C’est donc naturellement qu’il a tenu à ce que les coupables présumés répondent de leurs actes devant la justice.