Quand Tebboune joue aux guignols de l’infox…

Tebboune s'est surpassé devant un Antony Blinken professionnel jusqu’au bout...

Ceux qui ont livré Tebboune aux réseaux sociaux cherchaient sans doute à montrer la qualité remarquable de ses idées et sa perspicacité sur différents dossiers à caractère régional et international…

Mais qui a fait fuiter le teneur de l’entrevue entre le secrétaire d’Etat US Antony  Blinken et le président algérien Abdelmajid Tebboune ? Les Algériens accusent par voie de leur presse aux ordres les Américains d’être à l’origine de cette pratique pour le moins inhabituelle dans les usages diplomatiques pour faire un coup tordu au régime algérien alors que certains croient savoir que cette fuite est l’œuvre  des services algériens pour montrer que le président Tebboune a tenu un discours franc et clair à son interlocuteur américain.

Discours ? Pas vraiment. Plutôt un monologue pathétique de plus de 20 minutes que M. Blinken a dû supporter par politesse diplomatique. Impossible en effet de se prêter à l’exercice de l’échange avec un tel niveau de langage  qui relève par endroits du registre du burlesque. La diffusion de ce morceau d’anthologie politico-diplomatique a été très instructif sur Tebboune lui-même, sa personnalité et surtout sa façon d’irréfléchir qui révèle un pays figé dans un anachronisme chronique… Ceux qui ont livré Tebboune aux réseaux sociaux cherchaient sans doute à montrer la qualité remarquable de ses idées et sa perspicacité sur différents dossiers à caractère régional et international. D’entrée de jeu, le président élu de l’armée a étalé au grand jour la grande obsession algérienne : le Maroc. Tout en expliquant au passage, dans une tentative de se donner un poids que l’Algérie est loin d’avoir sur la scène étrangère, la vision du monde de son pays tricotée au mensonge, la mystification et la folie des grandeurs. Jugez-en : « Nous sommes entourés de pays qui ne nous ressemblent pas beaucoup, à l’exception de la Tunisie. C’est pourquoi nous avons des relations très étroites avec la Tunisie, car nous avons des similitudes dans de nombreux domaines. Sinon, toutes nos frontières sont en flammes: la Libye déstabilisée ; après la Libye, il y a bien sûr tout le Sahel comme le Tchad, le Burkina Faso, le Mali, le Niger ; et même la Mauritanie n’est pas très forte. Et à côté, nous avons le Royaume du Maroc avec lequel nos relations ont toujours connu des hauts et des bas depuis notre indépendance.

Ce n’est pas récent, ce n’est pas dû à la question du Sahara occidental”. Et le président algérien de poursuivre  sa rhétorique pleine de contrevérités contre son voisin : « Vous savez que personne n’a oublié, aucun Algérien n’oubliera, que le Maroc nous a attaqués en 1963. À cette époque, nous n’avions même pas d’armée régulière, et ils ont attaqué avec des forces spéciales, des hélicoptères et des avions. Nous avons eu 850 victimes. Leur but était de prendre une partie de notre territoire. Plus tard, ils ont refusé de reconnaître l’indépendance de la Mauritanie depuis 1960, lorsque la Mauritanie était membre des Nations unies et avait ses propres ambassadeurs, etc.

Du pain sur la planche

Mais le Maroc avait des revendications territoriales sur toute la Mauritanie. Il a fallu attendre 1972 pour que le roi du Maroc accepte de serrer la main du président mauritanien qu’il a reconnu après 12 ans d’indépendance ». Devenu incontrôlable au fil de son incroyable monologue, M. Tebboune a tenté de se valoriser comme il pouvait : «Pendant ma campagne présidentielle, j’ai été très clair. Il est rare qu’un candidat à l’élection présidentielle énonce clairement son programme, et je m’engage à respecter ce que j’ai écrit. Nous disons que les promesses ne sont valables que pour ceux qui y croient — je les ai écrites, et nous les poursuivons. C’est un pays très jeune, et j’ai travaillé — et je continuerai à travailler — jusqu’à la fin de mon mandat pour donner plus de pouvoir aux jeunes, pour remettre le pouvoir aux jeunes. J’ai éliminé tout ce qui pouvait fausser les élections dans le pays, l’argent, la tricherie». L’effet Tebboune n’a été pour le moment, ressenti que par Tebboune lui-même ! L’Algérie sous mon mandat est devenue « le seul pays qui est dynamique dans la lutte contre la corruption, et nous prenons nos responsabilités dans chaque action politique». L’Algérie est aussi  “le seul pays qui va avoir un grand projet structurant”. Structurant en matière de financement de nouvelles causes perdues ?  Mais non ! Le grand projet tebbounien  a pour objectif  d’aider l’Afrique en termes de fourniture de céréales. Nous pouvons le faire”. Bien sûr, l’Algérie peut tout faire dans les discours vaniteux. Y compris faire pousser des plantations de bananes sur ses champs pétrolifères ! Le Tebboune y  va franco et assure qu’il est « techniquement possible d’atteindre une production de 30 millions de tonnes. Nous avons besoin de 9 millions de tonnes et nous pouvons exporter 21 millions de tonnes vers le Maroc, la Tunisie et l’Égypte sans aucun problème». Le petit Tebboune voit grand: Avec 30 millions de tonnes, il détrône le quatrième producteur mondial qui n’est autre que l’Ukraine! Avec un tel chantier pharaonique, il a du pain sur la planche. En attendant, Tebboune doit mener à bien une mission complexe : approvisionner correctement le marché algérien en huile de table pour éviter au peuple les pénuries à répétition. Si Tebboune arrive à relever ce défi, tout baignera.

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