Laila Lamrani
Le World Obesity Atlas a rendu public son rapport sur l’obésité, à l’occasion de la journée mondiale de l’obésité célébrée le 4 mars de chaque année. Au Maroc, le surpoids est devenu un fléau de santé publique, à en juger par les chiffres publiés. Ces derniers montrent que 59% des adultes vivent avec un indice de masse corporelle (IMC) de plus de 25 kg/m².
L’obésité est un facteur de risque majeur pour de nombreuses maladies non transmissibles. En 2021, le Maroc a recensé 16.524 décès prématurés liés à des pathologies associées à un IMC élevé, notamment le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et certains cancers. Les prévisions de 2030 sont encore plus alarmantes, la situation pouvant se dégrader davantage. A cette date, ils seront 16,86 millions d’adultes à être en surpoids. La maladie affectera particulièrement les femmes selon World Obesity Atlas 2025: 9,94 millions contre 6,91 millions d’hommes.
Malbouffe
Le rapport de WOA tire d’autant plus la sonnette d’alarme que le Maroc, nonobstant la gravité de la situation, ne dispose toujours pas de plan spécifique pour la gestion de l’obésité ou de l’inactivité physique. Entre 20 et 30% des adultes marocains ne pratiquent pas d’activité physique. Sous l’effet de la malbouffe sous ses diverses formes, conjuguée à un éventail de produits de snacking, pâtisseries et viennoiseries tout aussi néfastes pour la santé, l’obésité a gagné du terrain au Maroc au cours de ces dernières années, conséquence directe de cette grosse dérive alimentaire. Selon la dernière enquête épidémiologique de prévalence des facteurs de risque des maladies non transmissibles réalisée par le ministère de la santé réalisée en collaboration avec l’OMS, l’obésité touche 20% de la population marocaine. Les femmes sont les plus touchées avec un taux de, 29% soit pratiquement trois fois plus que les hommes (11%). L’obésité progresse plus rapidement en milieu urbain que dans le rural avec respectivement 22,8 et 14,9%. Sur la période 2000-2017, cette proportion est passée de 13,2 à 20% , ce qui représente une augmentation d’environ 7%. Cette progression traduit un appétit grandissant des Marocains pour la «junk food» et une tendance de cuisiner de moins en moins à la maison sous l’effet d’un rythme de vie devenu plus soutenu…
Or, les mauvaises habitudes alimentaires affaiblissent durablement le système immunitaire dont elles perturbent le fonctionnement de certains gènes. Le Covid a agi comme un grand révélateur de ce phénomène dangereux tout en montrant que le mode nutritionnel made in USA, standardisé et sans saveur, vanté par une réclame mensongère et enveloppé dans un packaging alléchant, n’est en rien un modèle nutritionnel à suivre. Bien au contraire. D’où l’urgence pour les Marocains de revenir à leurs traditions culinaires, qu’il s’agit peut-être d’alléger, réputées plus nutritives, à base de légumes et de fruits de qualité que le pays produit en abondance. Un retour aux sources côté assiette est un grand enjeu de santé publique. Freiner la progression du surpoids suppose évidemment de faire contrepoids aux géants de la malbouffe par la promotion du «manger autrement », sain et équilibré, pour ne pas se faire bouffer par Mcdo et compagnie…