Tuberculose bovine : Le lait cru incriminé

L’inquiétude monte dans la population en raison de la recrudescence des cas de tuberculose. De nombreux experts attirent l’attention sur le lien potentiel entre cette maladie et la consommation de lait de vache cru non pasteurisé et non contrôlé. En effet, la consommation du lait informel et ses dérivés dans le monde rural et les zones périurbaines est un phénomène répandu au Maroc. Un phénomène qui sévit aussi en milieu urbain via le colportage et que de nombreuses laiteries proposent à leurs clients sous forme de petit lait (lben) ou le fameux raib. La probabilité qu’il existe un lien de cause à effet entre la consommation des produits laitiers non stérilisés et l’apparition de la tuberculose n’est pas exclue. Certaines sources syndicales du secteur de la santé ont fait état d’une hausse inhabituelle des cas de tuberculose au cours des trois derniers mois dans la région de Rabat-Salé-Kénitra avec une augmentation des admissions au Centre hospitalier régional Moulay Youssef à Rabat. Face a cette situation, l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) a réagi via un communique ou il a appelé les citoyens à «éviter de consommer du lait non traité, en particulier celui vendu dans les rues par des vendeurs ambulants, en raison du risque potentiel de transmission de maladies telles que la tuberculose bovine ».

La tuberculose bovine. Le mot qui fait peur est lâché ! Il s’agit d’une maladie infectieuse zoonotique, donc transmissible à l’homme causée principalement par la bactérie Mycobacterium bovis (M. bovis). Celle-ci est étroitement apparentée à la bactérie responsable de la tuberculose humaine et aviaire. Cette bactérie peut infecter de nombreuses espèces domestiques et sauvages, particulièrement les bovins mais aussi d’autres espèces animales sauvages comme les sangliers. Chez les bovins, l’infection est souvent inapparente, les symptômes cliniques n’apparaissent qu’à un stade tardif au cours d’une évolution qui est en général très longue. Au Maroc, la tuberculose bovine est connue pour servir dans de nombreux foyers d’élevages. Elle est même régulièrement repérée dans les abattoirs nationaux, avec une prévalence moyenne de 1,7% entre 2000 et 2010. Si Mycobacterium bovis n’est pas le principal agent responsable de la tuberculose humaine, qui est due à M. tuberculosis, l’homme reste sensible à la tuberculose bovine. Il peut contracter cette maladie à la fois en consommant du lait cru provenant de vaches infectées ou en inhalant des gouttelettes infectieuses. Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé animale, dans certains pays, jusqu’à 10 % des cas de tuberculose humaine sont d’origine bovine. Les personnes en contact proche avec des bovins infectés peuvent également être contaminées par inhalation de bactéries expectorées par les animaux. Les personnes qui, dans le cadre de leur métier, entrent en contact avec des bovins courent un plus grand risque d’être infectés par la tuberculose bovine. 

Dans les pays où la maladie est endémique, la consommation de lait cru (ou de produits à base de lait cru) issu de bétail contaminé constitue la principale voie de contamination. D’où la nécessité de faire bouillir le lait cru avant de le consommer. Toux chronique, douleur dans la poitrine, fatigue, apathie, amaigrissement et, à un stade ultérieur, hémoptysie (crache du sang), tels sont les symptômes scientifiquement reconnus chez l’homme.

Il faudra aller au-delà de la simple incrimination de la consommation du lait cru pour traiter en profondeur les causes de cette maladie et limiter sa propagation. Comment? en prenant des mesures de quarantaine et de limitation des déplacements des animaux. Ce dispositif de prévention, qui incombe au ministère de l’agriculture, doit inclure aussi des tests de dépistage et de destruction des élevages infectés.

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