Un ciel peu dégagé pour la RAM

Le transporteur national est obligé de s'ouvrir sur d'autres constructeurs.

La pénurie des avions dans un marché en pleine tension va-t-elle impacter  la stratégie de développement  de la compagnie qui doit faire face à des défis importants à court et à moyen terme ?

C’est rare lorsqu’une compagnie aérienne communique publiquement sur ses appels d’offres portant sur l’achat d’avions. Souci de confidentialité oblige.  Mais, une fois n’est pas coutume, la RAM, par la voix de son président Abdelhamid Addou, a fait  cette fois-ci le choix de dévoiler à Reuters  son projet d’acquisitions de nouveaux appareils lancé officiellement  le 15 avril dernier. Dans le cadre de sa stratégie de développement présentée le 23 octobre 2023 à Casablanca par son PDG, La RAM compte multiplier presque par quatre à l’horizon 2037 sa flotte aérienne actuellement composée de 55 appareils pour atteindre 200 à cette échéance. Voyager plus loin et transporter plus de monde. Avec autant d’appareils, le transporteur  sera en mesure de faire embarquer 31,6 millions de passagers issus de 143 destinations  contre 7,5 millions originaires de 99 pays actuellement. L’agrandissement de la flotte implique l’ouverture de nouvelles lignes moyen et long courrier sur les quatre continents (Afrique, Asie, Europe et Amérique). Ce n’est pas la seule aspiration de la compagnie qui entend accompagner l’essor du tourisme national en transportant au départ de 69 pays quelque 21 millions de touristes à l’horizon 2037. En attendant, la RAM est appelée à confirmer sa stratégie en 2027 en assurant  la progression de sa flotte. Là réside le véritable défi, trouver des avions neufs dans un marché  aéronautique confronté depuis la fin de la crise sanitaire à une chute brutale  des livraisons en raison de problèmes de production chez Boeing et Airbus. La production du Boeing 737 Max, victime d’un crash en 2017 au large de l’Indonésie avec 189 passagers à bord,  est de nouveau  impactée par  des problèmes de  qualité après le décrochage  en janvier 2024 d’une porte en plein vol, incident qui s’est heureusement produit sans dégâts humains.  Les déboires de Boeing font monter une vive préoccupation   dans le monde du transport aérien. Cette crise sérieuse,  touchant   la sécurité des appareils du géant américain qui a longtemps dominé le ciel mondial,  profite  à Airbus qui affronte à son tour certaines complications avec les moteurs Pratt & Whitney de certains modèles A320neo, ce qui pourrait conduire à l’immobilisation de jusqu’à 650 appareils.
Ces accidents  se sont traduits par  une réduction globale de 19% du nombre d’avions neufs disponibles, un chiffre qui atteint à 32% pour les transporteurs  américains. Résultat : plusieurs compagnies telles que United Airlines, Southwest Airlines et Ryanair ont dû revoir à la baisse leur fréquence de vols sur certaines lignes, notamment durant les périodes de pointe.
Ces  grosses perturbations des chaînes logistiques inquiétantes limitent les possibilités pour les compagnies aériennes à mettre en œuvre des capacités supplémentaires pour satisfaire une demande mondiale pour les voyages en pleine croissance.
Dans le top management de nombreux transporteurs, c’est l’inquiétude qui domine. La RAM ne fait pas exception, dont les dirigeants se démènent pour  trouver des avions pour être au rendez-vous en 2026 et 2030 qui coïncident respectivement avec la Coupe africaine des nations et la Coupe du monde. Deux évènements sportifs majeurs-surtout le second- qui nécessitent des appareils supplémentaires pour transporter des supporters par plusieurs milliers. A court terme,  la RAM a besoin de renforcer  sa capacité passagers   sur l’ensemble de  sa gamme composée exclusivement d’appareils Boeing : 30 appareils Boeing-737-800 ;  2 Boeing- 737 Max 8 ;  4 Boeing 787-9 Dreamliner et 5 Boeing-787-800 Dreamliner. A ce parc s’ajoutent 4 appareils Embraer de fabrication brésilienne et 6 ATR 72-600 issus du constructeur franco-italien.
Dans sa majorité, la flotte actuelle est composée exclusivement du constructeur américain  de Seattle.  Les deux  Airbus ( A321 et A321-200)  qui faisaient partie de de son parc aérien  par le passé ont été revendus après avoir été utilisés par la filiale low cost de la compagnie Atlas Blue, fermée en 2009 pour des problèmes de compétitivité.
L’exclusivité Boeing a été  rompue par l’appel d’offres international lancé par la RAM contraint  désormais  de diversifier ses partenaires pour ne pas lier son sort à un seul avionneur qui n’est pas de surcroît en mesure de répondre à ses besoins en nouveaux appareils.  Ce n’est pas sûr non plus que son concurrent Boeing qui  a fait le plein de commandes pour les années à venir dépassant en volume celui de Boeing à fin 2023.
Cette  pénurie d’avions neufs s’est accompagnée d’une  hausse des coûts de location et de maintenance. Selon le Journal de l’Économie, le coût de la location d’avions a explosé, augmentant de 30% par rapport à avant la pandémie. Un Airbus A320-200 neo ou un Boeing 737-8 MAX coûte actuellement 400.000 dollars par mois en location, un record depuis 2008. Par ailleurs, la maintenance des avions plus anciens, qui remplacent temporairement les nouveaux modèles indisponibles, voit également ses coûts s’envoler. Bonjour les zones de turbulence.

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