Armée jusqu’aux dents, la soldatesque israélienne ne tue pas seulement les civils palestiniens. Elle cible aussi les journalistes qui immortalisent par le son et l’image leurs opérations criminelles. Visée par des tirs de l’armée d’occupation, une des figures du métier d’informer de Al Jazeera, Shireen Abu Akleh a perdu la vie dans la matinée du mercredi 11 mai alors qu’elle couvrait pour la chaîne qatarie une attaque israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie occupée.
Respectée pour son courage professionnel, cette reporter de guerre américano- palestinienne, qui couvrait les exactions israéliennes en Palestine depuis la première intifada en 2000, était pourtant vêtue d’un gilet pare-balles siglé presse. Un signe distinctif supposé la protéger contre des tirs mortels.
Depuis son lit d’hôpital, un autre journaliste de Al Jazeera, Ali al-Samoudi, blessé lors de la même opération, a accusé clairement l’armée israélienne d’avoir ouvert le feu sur les journalistes : « Nous étions en route pour couvrir l’opération de l’armée lorsqu’ils ont ouvert le feu sur nous (…) Une balle m’a atteint. La seconde balle a touché Shireen». Shireen Abu Akleh «s’est retournée en panique» lorsque son collègue Ali al-Samoudi a été touché par balle, et puis elle a été elle-même atteinte d’une balle derrière la tête, a confirmé à l’AFP Majid Awais, témoin de la scène.
Le premier tir n’a pas tué le journaliste mais le second a été fatal pour sa collègue.
Le fait que la balle assassine ait touché sa tête laisse croire qu’elle a été sciemment visée. Shireen Abu Akleh est morte à l’hôpital, où elle avait été transportée. La nouvelle de sa mort tragique a suscité un immense émoi en Palestine et dans la profession à travers le monde. La correspondante de Al Jazeera a été « assassinée de sang-froid» par l’armée israélienne, a affirmé également la télé qatarie, « ce qui est d’évidence un meurtre, en violation des lois et des normes internationales ».
Réagissant à ce meurtre, la vice-ministre des Affaires étrangères du Qatar a ensuite affirmé que Shireen Abu Akleh avait été tuée par les forces israéliennes d’ «une balle au visage alors qu’elle portait une veste ‘presse’ et un casque». (…) Ce terrorisme d’État israélien doit cesser », a écrit Lolwah Al Khater sur Twitter.
Ce qui ressemble fortement à un crime d’État ne doit pas rester impuni. De nombreuses voix se sont élevées pour juger et punir les coupables.
Les Etats-Unis ont plaidé pour une enquête «transparente», de préférence conjointe entre Israéliens et Palestiniens, tandis que l’ONU et l’Union européenne ont exhorté à une investigation «indépendante ».