Un invité-surprise surprenant…

Zelensky ne reconnait pas les droits des Palestiniens…

Invité-surprise du sommet arabe de Jeddah, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a profité de cette tribune pour plaider la cause de son pays. Sauf qu’il a oublié certaines de ses prises de positions qui le mettent en porte-à-faux avec ses revendications actuelles.

Le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe après en avoir été écartée  en 2011,  qui devrait être l’événement du 32ème  sommet de Jeddah,  a été reléguée au second plan. En cause, le débarquement  d’un invité-surprise qui ne fait pas partie de la Oumma : Volodymyr Zelensky.  Dans sa tenue kaki habituelle, le président ukrainien  a été accueilli à l’aéroport de Jeddah vendredi  à  sa descente d’avion de la république française. Du coup, la présence du chef de l’Etat syrien Bachar Al Assad a été presque escamotée. Et c’est peut-être là l’objectif de  ce qui ressemble à une manœuvre   du maitre des céans, le prince d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane (MBS). Utiliser Zelensky pour faire de l’ombre à Al Assad pour que celui-ci ne soit pas la star du sommet et que les spéculations tournent autour de son initiative personnelle qui n’est pas celle des participants. MBS a fait d’une pierre plusieurs coups  doubles puisqu’il a réussi aussi à donner un retentissement international   à son sommet arabe qui d’habitude ne bénéficie  que d’un très faible intérêt médiatique.

Zelensky et son Ukraine, envahie en février 2022,  font recette.  Pas la Palestine occupée ni son peuple opprimé par Israël depuis plus de 70 ans.

L’invitation de Zelensky au sommet de Jeddah a jeté un certain embarras parmi les délégations arabes, qui ont vu d’un mauvais œil  le geste de l’homme fort de Riyad. Celui-ci  cherchait par son initiative unilatérale à  cultiver une image  d’acteur œuvrant  pour la paix  sur les plans régional et international tout en  rassurant son allié américain inquiet du rapprochement qu’il a opéré  avec l’Iran sous l’égide de la Chine.

Zelensky a profité de la tribune arabe pour plaider la cause de son pays sur un ton que certains pourraient juger agressif. «  Malheureusement,  certains pays dans le monde et ici, parmi vous, ferment les yeux sur les violations de l’intégrité territoriale de l’Ukraine » a-t-il lancé devant les chefs d’État arabes dont les pays ont pour la plupart opté dès le départ  pour la neutralité dans cette guerre. Hormis deux pays arabes :  la Syrie, allié de la Russie auquel  Bachar Al Assad doit sa longévité au pouvoir qui avec l’Érythrée, le Belarus et la Corée du Nord fait partie des pays à avoir voté à l’ONU contre l’appel à « cesser les hostilités russes contre l’Ukraine » et l’Algérie de la paire Tebboune- Changriha qui finance en quelque sorte l’agression de Moscou en  continuant à  acheter des armes  à Poutine.

Parallèle juste

Personne  parmi l’assistance, notamment les représentants de la Palestine, n’a oublié le discours du  chef de guerre de l’Ukraine devant les députés israéliens le 21 mars 2022, quelques  semaines après l’invasion de son pays par les troupes russes.   « Nous sommes dans des pays différents et dans des conditions totalement différentes. Mais la menace est la même : pour nous comme pour vous : la destruction totale du peuple, de l’État, de la culture. Et même des noms : l’Ukraine, Israël. », a-t-il déclaré.  Or, Israël que Zelensky  compare à la situation de son pays n’est pas une victime de l’occupation. C’est  un envahisseur doublé d’oppresseur de tout un peuple qu’il tue et massacre au mépris du droit et de la loi.

Le parallèle juste entre les deux situations a été établi par le grand journaliste et écrivain  du quotidien Haaretz Gédéon Levy. Jugez-en : « En quoi l’invasion israélienne du Liban en 1982 ou l’occupation militaire qui a suivi est-elle différente de l’invasion russe de l’Ukraine ? En quoi les fréquentes incursions d’Israël à Gaza, qui sèment la mort et la destruction, diffèrent-elles de l’invasion russe de la Crimée ? Et au-delà de sa durée, en quoi les cinq décennies d’occupation israélienne de la Cisjordanie, dont la fin n’est pas encore à l’horizon, sont-elles différentes de la récente occupation russe de l’Ukraine ? Tous deux considèrent le territoire occupé comme la terre de leurs ancêtres, comme faisant partie de leur patrimoine qui leur appartient de plein droit. L’Ukraine est le berceau de la Russie, la Cisjordanie est le berceau du judaïsme (bien sûr, cela n’a rien à voir avec des droits souverains). Tous deux tentent également de nier l’existence des autres peuples présents, Ukrainiens et Palestiniens ». Il n’y a  pas que la Russie qui enfreint de manière flagrante le droit international. L’occupant israélien  est pionnier dans ce triste domaine puisqu’il ne fait que ça tous les jours, et ce depuis plusieurs décennies dans l’impunité totale et l’indifférence de la communauté internationale.

Volodymyr Zelensky est  d’autant mal placé  pour faire  la leçon aux pays arabes qu’il a fait sortir en janvier 2020  l’Ukraine du Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien !   M. Zelensky est allé jusqu’à soutenir  le droit d’Israël à l’autodéfense alors qu’il fait subir  en tant que colonisateur pratiquant le terrorisme d’État   les pires exactions  au peuple palestinien.

Fondé en 1975, le comité, qui rassemble 25 pays, s’est assigné  comme objectif  de «permettre au peuple palestinien d’exercer ses droits inaliénables, y compris le droit à l’autodétermination, le droit à l’indépendance et à la souveraineté nationale, et le droit aux Palestiniens de retourner dans leurs foyers et de récupérer leurs biens, de revenir d’où ils ont été déplacés». Ironie de l’histoire, l’Ukraine sous occupation russe formule  aujourd’hui les mêmes revendications  légitimes que M. Zelensky avait refusées au peuple palestinien.  

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