Le président sénégalais Macky Sall s’est engagé, vendredi 16 février, à faire exécuter pleinement la décision du Conseil constitutionnel annulant le report de la présidentielle du 25 février. La démocratie sénégalaise sort encore plus forte de coup de force politique avortée par les Sages.
C’est le conseil constitutionnel qui a finalement fait plier Macky Sall par son arrêté annulant la décision report de la présidentielle du 25 février validée ensuite par le Parlement. La démocratie sénégalaise en sort encore plus forte. Le président sénégalais, qui a déclenché par son initiative une grave crise politique sur fond de manifestations, s’est engagé, vendredi 16 février à faire exécuter pleinement la décision du Conseil constitutionnel et « mènera sans tarder les consultations nécessaires pour l’organisation de l’élection présidentielle dans les meilleurs délais », indique un communiqué de la présidence. Les sages ont constaté « l’impossibilité d’organiser l’élection présidentielle à la date initialement prévue » du 25 février, compte tenu du retard pris par le processus, et «invite les autorités compétentes à la tenir dans les meilleurs délais ». Il a réaffirmé le principe d’intangibilité de la durée de cinq ans du mandat présidentiel. La décision de la Cour constitutionnelle a été largement saluée comme un facteur d’apaisement et les mots d’ordre ne trouvaient quasiment aucun écho vendredi en milieu d’après-midi à Dakar aux points de rassemblement où policiers et journalistes étaient plus nombreux que les manifestants.
L’opposition et la société civile criaient au « coup d’État constitutionnel » après le report, accusant le camp présidentiel de chercher à éviter la défaite de son candidat, le Premier ministre Amadou Ba, et suspectant M. Sall de vouloir se maintenir au pouvoir, à travers son dauphin.
La Commission économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union européenne ont appelé les autorités à se conformer à la décision de la Cour. L’ajournement de la présidentielle avait alarmé les partenaires internationaux, inquiets à l’idée qu’un pays réputé pour sa stabilité dans une région déjà en proie à l’instabilité politique et qui a renoué avec les putschs militaires ne bascule à son tour dans la violence. Ce scénario-catastrophe a été évité de justesse.La démocratie sénégalaise est sortie encore plus forte de cette épreuve en démontrant l’impartialité de ses gardiens et la solidité de ses fondements. Le Sénégal n’est pas une république bananière. Le président sortant vient de s’en faire administrer la preuve de manière cinglante.