Abdellatif Mansour s’est éteint samedi 10 septembre, à l’âge de 73 ans, dans son domicile à Casablanca à la suite d’une longue maladie. Celle-ci a fini par l’empêcher d’exercer son travail de journaliste qu’il accomplissait comme un sacerdoce. Avec panache et maestria en publiant depuis 1992 des chroniques à Maroc Hebdo international dans un style à la fois incisif et allusif qui a le don d’être inimitable. Si Abdellatif que Dieu ait son âme savait comme personne user du sens de la litote, jouer avec les mots, jongler avec les expressions pour exprimer le fond de sa pensée dans un français châtié en livrant objectivement sa vision sur tel ou tel fait politique ou événement. Homme de culture et de lecture justifiant d’une connaissance approfondie de l’histoire politique du Maroc et de l’histoire tout court, il avait cette capacité remarquable qui confine à l’exploit journalistique de critiquer les hommes publics et leurs actions sans en donner l’air.
Dans ses écrits bien documentés où la dérision ne s’invite souvent, nul excès, ni surenchère, ni concession. D’un nature discret qui évitait les sunlights, homme de valeur intraitable sur les principes, Abdellatif Mansour avait de qui tenir. Le défunt, qui avait toujours le mot pour rire et détendre l’atmosphère, a vu le jour dans une famille de résistants et c’est naturellement qu’il emprunte la voie du militantisme sincère. D’abord au sein de l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) qu’il rejoint à la fin des années 60, puis comme membre actif de l’UMT de Mahjoub Benseddik où il a laissé les souvenirs d’un homme à l’engagement chevillé au corps, propre et intègre. Celui qui commença sa carrière comme enseignant du secondaire avant d’enseigner pendant des années à l’École normale supérieure était un parfait bilingue qui a formé des bataillons de Marocains en leur transmettant non seulement le savoir mais aussi l’amour du pays.