L’invasion russe de l’Ukraine est-elle en train de tourner à la bérézina pour Vladimir Poutine ? Les nouvelles et les images qui viennent du front montrent la déroute des troupes russes et leur incapacité à tenir face aux contre-offensives de l’armée ukrainienne qui a réussi à libérer une zone de près de 19.000 km 2 dans le nord-est du pays. Reconnue par Moscou, cette perte de terrain et l’échec qu’elle souligne ont poussé M. Poutine à décréter le 21 septembre, lors d’une allocution télévisée, une mobilisation « partielle » de 300.000 réservistes dans l’espoir de reprendre la main face à la détermination des Ukrainiens, prêts à libérer, selon leur président Volodymyr Zelensky, jusqu’au dernier arpent de leur terre. Sauf que ces réservistes sont envoyés au casse-pipe sans formation militaire ni équipements. Ce qui suscité un énorme désarroi dans les rangs de ces combattants dépourvus d’expérience de guerre qui ne veulent pas servir de chair à canon pour une non-cause. Ceux qui ont les moyens ont fui le pays en embarquant notamment pour la Turquie pour échapper au recrutement forcé dont le refus est passible de prison.
L’ordre poutinien d’enrôler les hommes en âge de se battre lui a attiré les foudres de la rue. Un groupe de manifestants constitué notamment de femmes, refusant de voir leurs enfants ou leurs conjoints mourir pour rien, a bravé la police pour exprimer son désaccord. Il paraît que Poutine a sérieusement dérangé les Russes avec son histoire d’enrôlement des réservistes qui peut lui valoir une montée de la contestation.
Lors de l’annonce de son projet de mobilisation des réservistes, le chef de Kremlin a de nouveau agité la muleta de l’arme nucléaire en déclarant qu’il utiliserait cette armée si l’intégrité territoriale de la Russie était menacée. Coup de bluff ou menace réelle ? Ce qui est certain c’est que Poutine donne l’impression d’un animal (politique) blessé et acculé. Ce qui explique sa décision de faire organiser dans la précipitation des référendums d’annexion, qualifiés de « simulacres» par l’Occident, dans quatre régions d’Ukraine (Donetsk et Louhansk et celles sous occupation russe de Kherson et Zaporijjia). Une manière de transformer sa défaite sur le terrain en victoire à la Pyrrhus, ou plutôt à la pire-russe. Évidemment, la victoire du « oui » , digne de la période soviétique, frôle les 100%.