Ça parle plus arabe que gaulois en France (43)

Le mot « laque » est emprunté à l’arabe لاك, lakk, nom donné à la cochenille-laque en raison de son pullulement, et nom de la sécrétion résineuse de certains arbres d’Extrême-Orient provoquée par la piqûre de cet insecte. Cette résine de divers arbustes de la famille des Anacardiacées forme en « séchant » un revêtement solide, résistant aux intempéries que l’on nomme « la laque ». En Europe, dans les années 1680, en Belgique, on réalisa des imitations fort prisées, appelées le vernis Dagly qui firent une bonne part de la renommée européenne de la ville d’eau et qui brisèrent le monopole de la Hollande qui resta longtemps la seule importatrice de laques japonaises (le goût pour l’Orient mythique). Puis en 1730, les frères Martin de Paris mettent au point une imitation de laque à base de copal, le vernis Martin. Ce vernis comporte toutefois un gros défaut : il est fragile à l’eau. À la fin du XVIIIe siècle, la reine Marie-Antoinette réunit une collection de laques japonaises. Cette Marie-Antoinette Josèphe Jeanne de Habsbourg-Lorraine, née le 2 novembre 1755 à Vienne en Autriche a été guillotinée le 16 octobre 1793 sur la place de la Révolution à Paris. Elle a été reine de France et de Navarre de 1774 à 1791, puis reine des Français de 1791 à 1792. Elle est la dernière reine de l’Ancien Régime. Une tradition fait de Marie-Antoinette d’Autriche celle qui aurait officiellement introduit et popularisé en France le croissant à partir de 1770, d’où le nom de viennoiserie. « Ils n’ont pas de pain ? Qu’ils mangent de la brioche ! » serait la réponse donnée par « une grande princesse » à qui l’on faisait part du fait que le peuple n’avait plus de pain à manger. Cette réponse, par son ironie involontaire, est censée illustrer la distance sociale qui existait entre les classes populaires et la noblesse : la princesse étant incapable d’imaginer que c’est en raison de leur dénuement que ces gens manquent de pain, elle les invite à manger de la brioche alors que cette viennoiserie est encore plus onéreuse que le pain. Cette phrase, citée sans nommer la princesse, par Jean-Jacques Rousseau dans ses Confessions écrites en 1765 et publiées en 1782, est souvent attribuée à tort à la reine Marie-Antoinette. La princesse à laquelle il fait référence ne peut pas être Marie-Antoinette, puisqu’elle est née en 1755 et ne serait arrivée en France qu’en 1770. Il est possible que les détracteurs de Marie-Antoinette aient par la suite identifié la princesse à la reine autrichienne pour la rabaisser aux yeux de l’opinion publique. Vers le milieu du XIXe siècle, les progrès de la chimie permettent la mise au point d’un vernis laque de meilleure qualité. Pendant la Première Guerre mondiale, la laque fut employée pour renforcer la résistance des hélices d’avion. Au XXe siècle des vernis laque performants sont mis au point grâce à de nouvelles formules et à des vernis durcissant à l’air. On voit apparaître des laques nitrocellulosiques, glycérophtaliques ou polyuréthanes. Ces « laques modernes » furent employées à partir des années 1930 par des décorateurs du mouvement Art déco sur toutes sortes de supports : contreplaqué, latté, aggloméré ou encore tôle d’aluminium. D’autres comme Jean Dunand sont restés fidèles à la laque végétale. (À suivre)