Oui, les amis, ça sent le gaz à plein nez… Aux quatre coins du pays ! Pas un jour ne s’écoule sans que l’on nous annonce une nouvelle découverte… Il y a quelques mois, c’était à Tendrara… La société pétrogazière Sound Energy avait annoncé, le 30 novembre, avoir conclu avec l’Office National de l’Électricité et de l’Eau (ONEE) un accord de vente de gaz naturel, « qui s’inscrit dans le cadre de la deuxième phase de développement de Tendrara. L’accord couvre un volume contractuel de 350 millions de mètres cubes par an pendant 10 ans». Le gaz transitera via le gazoduc GME, qui relie l’Algérie à l’Espagne en passant par le Royaume… Gazoduc dont l’activité a été suspendue par nos voisins qui ne ratent pas une occasion d’essayer de nous mettre des bâtons dans les tuyaux. Un gazoduc qu’ils ont financé en devises sonnantes et trébuchantes et dont nous avons hérité gracieusement, la junte ayant décidé d’interrompre unilatéralement le contrat GME… Merci les « Khawas khawas » ! C’est ce qui s’appelle scier la branche sur laquelle on est assis ! Des spécialistes en la matière, il faut l’avouer ! D’ailleurs à ce sujet, Lhaj Miloud conseille à nos prospecteurs de creuser à une distance respectable de leur frontière… Nos voisins, qui sont en train de pomper leurs derniers mètres cubes de gaz, étant capables de remettre en cause le tracé des frontières pour revendiquer la paternité de nos futurs gisements !
Il y a une semaine, c’est au large de Larache qu’une société britannique nous annonce avoir fait une découverte prometteuse… « Suite aux résultats encourageants des études géologiques et géophysiques, il a été décidé de forer le puits dénommé Anchois-2 ; celui-ci est situé à 38 km au large de la ville de Larache», indique de nouveau l’ONHYM dans un communiqué toujours aussi peu disert, notant que les travaux de forage ont démarré le 17 décembre 2021 pour atteindre la profondeur finale de 2.512 m, le 31 décembre. Un peu plus, et on aurait atteint le magma en ébullition ! Toujours est-il que la découverte de ce gisement a été accueillie avec enthousiasme par les habitants. Lesquels espèrent que cela donnera un coup de pouce bienvenu à l’essor économique de cette région.
Le puits gazier offshore porte donc le nom d’Anchois-2… Une annonce qui n’a certainement pas manqué de réjouir les habitants de cette ville, grands amateurs d’anchois, en Nordistes qui se respectent ! Dans cette région, dont les principales ressources proviennent de l’agriculture et de la pêche, cette découverte ouvre de nouveaux horizons à sa population qui se voit déjà rouler sur l’or à l’instar de nos amis du Golfe ! Et pour le pays, cela permettrait d’atténuer la dépendance en matière d’énergie, dans un contexte difficile où les prix des hydrocarbures flambent ! Lhaj Miloud voit d’ici Fouzi Lakjaa, en sa qualité de ministre du Budget, se frotter les mains !
Jamais deux sans trois, quelques jours plus tard, rebelote ! C’est à nouveau une société de Sa très gracieuse Majesté, la société « Predator and gaz », qui affirme à son tour être tombée sur un autre gisement de gaz « commercialement viable» à proximité de Guercif, près de Taza… « Predator » ! Une dénomination au demeurant guère rassurante ! Espérons que ce prédateur autoproclamé ne fera pas de notre directrice générale de l’ONHYM sa prochaine proie… Cette dernière y est d’ailleurs allée de son commentaire prudent, histoire de tempérer l’enthousiasme ambiant, annonçant que « la production du gaz naturel à partir du gisement de Larache démarrerait à la fin de 2024 »… Inchallah ! Du gaz qui pourrait servir à produire de l’électricité, via l’alimentation des centrales de Kénitra, Mohammedia ou Tahaddart et à fournir des industriels de la zone de Kénitra, prévoient déjà les spécialistes…
Que des nouvelles réjouissantes donc, et qui interviennent à point nommé après l’interruption de la livraison du gaz algérien ! Faut-il pour autant, d’ores et déjà, se frotter les mains en remerciant le ciel de ses bienfaits et invoquer la baraka qui n’a jamais fait défaut à notre empire Chérifien ? Rien n’est moins sûr puisque voilà déjà quelques décennies qu’on nous affirme régulièrement que notre beau pays repose sur un océan d’hydrocarbures… Qu’il suffirait juste d’intensifier les recherches pour voir fleurir les derricks… Qu’on verrait bientôt des puits se creuser tous les cent mètres… Que chacun aurait bientôt son puits personnel dans son jardin, pendant qu’on y est !
Rappelons que le pays, dont les besoins en énergie allaient crescendo a mis du temps avant de se doter d’un code des hydrocarbures incitatif pour attirer les sociétés prospectrices… Incitatif, c’est le moins qu’on puisse dire puisqu’il leur octroie 75% des revenus des gisements découverts et exploités par leurs soins. Lhaj Miloud, qui n’est pas un expert en la matière, ne peut pas s’empêcher cependant de voir là un véritable marché de dupes. Surtout qu’il connaît des sourciers d’une efficacité redoutable qui, au simple moyen d’une baguette, sont capables de vous dénicher des sources d’eau à cent mètres de profondeur… Pour une poignée de dirhams ! Le moment pour eux de se reconvertir dans la filière gazière, sachant qu’il n’y a pas encore d’eau dans le gaz !
Alors ne chipotons pas, puisqu’il semble qu’il y a désormais de solides raisons d’espérer ! Tout en rappelant, au risque de jouer les trouble-fêtes, qu’un ancien ministre de l’Énergie avait déjà annoncé dans les années 2000, en grande pompe et de manière fort prématurée, la découverte de pétrole en quantité abondante et de grande qualité… On sait ce qu’il en est advenu et on ne peut donc que comprendre la prudence excessive d’Amina Benkhadra…! Croisons les doigts pour elle… Et pour les caisses de l’État !