Ces humoristes qui ont présidé aux destinées de la Raie publique (14)

François Mitterrand fut un calculateur politique hors pair qui réussit l’exploit de passer de l’extrême droite à la gauche ! C’est comme si de nos jours Jean-Marie Le Pen devenait Jean-Luc Mélenchon ! Le baccalauréat en poche, il s’installe dans la capitale et milite dans la ligue du colonel de La Rocque. Il défilera en février 1935 dans les manifestations contre «l’invasion métèque » tout en se liant d’amitié avec des membres de la Cagoule, un groupuscule d’extrême droite. François Mitterrand deviendra critique littéraire dans le quotidien L’Echo de Paris d’Henry de Kérillis dans lequel il écrit: « Désormais, le quartier Latin est ce complexe de couleurs et de sons si désaccordés qu’on a l’impression de retrouver cette tour de Babel à laquelle nous ne voulions pas croire». François Mitterrand, parrainé par deux anciens fils de Pétain « cagoulards » (Gabriel Jeantet, membre du cabinet du maréchal Pétain, et Simon Arbellot), est décoré de la francisque par le Maréchal Pétain. L’ordre de la Francisque gallique est une décoration qui est attribuée par le régime de Vichy en tant que marque spéciale d’estime à Philippe Pétain.

Ce Maréchal Pétain, c’est le type qui voulait faire porter l’étoile jaune de David aux Juifs marocains et que le Sultan Mohamed V, du haut de ces 21 ans, s’y opposa et fit face tout seul à la force de l’Empire français qui dominait le monde et s’étendait de l’Indochine à l’Afrique jusqu’aux Caraïbes et les Iles du Pacifique par ces simples mots : « au Maroc, il n’y a pas de Juifs, il n’y a pas de Musulmans, il n’y a que des Marocains et ils sont tous mes enfants. Ne touchez pas à mes enfants ! ». Quand de nos jours, il m’arrive de voyager au Maroc et que tous ces blancs becs biberonnés aux télévisions satellitaires des H Emirs du Golfe arabiques me disent que les chiffres des victimes la Shoah sont exagérés…

Je me rends alors compte de l’emprise moyen-orientale à coup de pétrodollars sur nos chères petites têtes frisées marocaines… Mais revenons à nos moutons de l’Aïd… avant qu’il ne soit trop tard ! En 1974, lors des élections présidentielles françaises, le premier face-à-face télévisuel de la 5ième République, entre le candidat sortant, Valéry Giscard d’Estaing, et son challenger, François Mitterrand est tendu. Giscard, polytechnicien et énarque, ancien ministre de Dieu De Gaulle et de son Moïse Pompidou, joue sur sa connaissance de l’économie, des chiffres, sur le vocabulaire simple qu’il emploie et sur son dynamisme de jeune face aux vieux briscard de la 4ième République François Mitterrand, plus littéraire, moins technocrate mais qui passant de l’extrême droite cagoularde à l’union des gauches pas très adroits tente de séduire le « fond du faitout» en se montrant plus démagogue et donc proche des préoccupations du petit peuple qui souffre. Surtout, il met l’accent sur les points négatifs de la période qui s’achève. Quelques accrochages, ordinaires dans ce genre d’exercice, animent le débat… Jusqu’à cet instant où François Mitterrand lance :

– « Le moment est venu, monsieur Giscard d’Estaing, depuis longtemps, où il aurait fallu utiliser la richesse créée par tous afin que le plus grand nombre possible vive. C’est presque une question d’intelligence, c’est aussi une affaire de cœur. Je parle de l’avenir, monsieur Giscard d’Estaing.»

– V. G. E. : « Oui, mais vous parlez de l’avenir en prenant sur mon temps, monsieur Mitterrand. »

– F. M. : « C’est ma candidature et mon programme d’action qui permettront demain à la France d’engager la grande aventure. »

– V. G. E. : « D’abord, je vais vous dire quelque chose : je trouve toujours choquant et blessant de s’arroger le monopole du cœur. Vous n’avez pas, monsieur Mitterrand, le monopole du cœur, vous ne l’avez pas. »

– F. M. : « Sûrement pas. »

– V. G. E. : « J’ai un cœur, comme le vôtre, qui bat à sa cadence, et qui est le mien. Vous n’avez pas le monopole du cœur. Et ne parlez pas aux Français de cette façon si blessante pour les autres. Monsieur Mitterrand, personne n’a le monopole du cœur, personne n’a le monopole de la justice. »

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