Coronavirus aura marqué toute la planète. C’est la seule chose qui a su incarner et matérialiser le phénomène de la mondialisation. Pour une fois, nous sommes tous égaux dans la souffrance et le calvaire. Pire que la guerre mondiale, Coronavirus continue à engraisser les malédictions et à semer la mort. Après plus de 15 mois de cohabitation, ce virus est devenu capricieux jusqu’à l’extravagance comme l’alcool ou une prostituée : plus on en consomme, plus on s’y attache. Des fois, on pense qu’il est impossible de bouleverser l’ordre des choses, juste parce que les insuffisances de la réalité l’interdisent. C’est comme lorsque vous allez à pied en tenant votre cheval par la bride ou votre moto par le guidon ; vous acceptez fatalement les incommodités de la vie auxquelles vous ne pouvez pas échapper.
Quoique nous fassions, le temps nous consume et fait de nous ce qu’il veut. Nous avons certainement changé pour nous adapter, mais nos comportements restent erratiques et désorbités. Demandez à quiconque ce qu’il compte faire dans les jours et les mois à venir, il exprimera certainement des impressions factices en essayant de garder des airs supérieurs pour ne pas flancher, or personne ne peut être en avance sur son temps, ni sur son environnement parce que notre vision temporelle est piteusement bornée. Il est vrai que dernièrement les chiffres ont baissé … mais par rapport à quoi, quand on sait qu’au début avec quelques dizaines de cas, on nous mettait la pression et on se laissait abuser par la démesure de la communication. Les chiffres ne veulent rien dire quand on peut en faire ce qu’on veut.
Et là, avec l’assouplissement des mesures, c’est devenu comme un foutoir. Serrer la main est de mise, faire la bise, c’est sans excuse. Et puis avec le vaccin, il faut dire que les piqûres, c’est top mortel : on ne sent rien du tout, sauf si on s’imagine des choses comme on veut, comme pour satisfaire cet ego désabusé de la fausseté de ses craintes et de ses spéculations. Tout le monde a des histoires dramatiques à raconter, et on se laisse encore leurrer par les récits fabuleux des gens et qui ne sont en fait que des projections de leurs peurs et incertitudes, mais si on s’y fie totalement, ça équivaut à un suicide déclaré.
Et cette pédagogie barbante qui continue à s’afficher sur nos chaînes télévisées … qu’on arrête de charrier avec cette rhétorique fade ! Ce n’est pas en étant solidaires que nous vaincrons cette maladie ; inciter à la solidarité est un appel ambigu et flottant, parce que, pour beaucoup, la solidarité passe pour de la légèreté.Reconnaissons quand même que Coronavirus nous a enchantés et désenchantés ; il nous a fait prendre conscience que la vie est captieuse. Elle est comme une bouteille de vin : elle gagne en complexité et en abonnissement pour ensuite se vider et déverser son breuvage et son éclat généreux dans les gosiers assoiffés et blindés.
Quant à Dieu, on aurait aimé que ses voies ‘soient’ pénétrables, toutefois, il pourrait nous accorder une vraie trêve suivie d’une suspension de cette torpeur résignée qui continue à nous accabler. Il ne s’agit pas de rejeter la responsabilité sur Dieu ou sur une quelconque puissance, mais nous espérons que Dieu n’aura rien d’autre à faire que d’exaucer nos vœux ; la patience commence à nous taper sur les nerfs. Si on pouvait contrôler cette foutue vie avec une boule de Cristal ou une baguette magique, on n’en serait pas là. Certains diront peut-être que le jour où Coronavirus dégagera complètement, il leur manquera, mais nous serons quand même obligés de laisser ce chapitre de notre vie derrière nous, sinon il sera un obstacle traumatisant. Faisons en sorte que cette expérience soit une phase de redéfinition de notre vie.