Entre deux feux, chacun se fait fouetter à sa guise

La vie est faite d’illusions et de désillusions. C’est comme une machine à sous ; vous perdez plus que vous ne gagnez et pourtant vous continuerez à jouer quand même. La guerre en Ukraine nous a montré elle aussi, comme l’a fait Coronavirus, que la vie ressemble à un cauchemar qui avance. On sait maintenant que quand ça pète à l’autre bout du monde, on reçoit toute la merde en pleine figure où qu’on soit. Les prix flambent ; c’est le brasier et la perversion de toutes les pratiques. Tout le monde jase et bave sur ce qui se passe. Tout le monde est mécontent et s’en prend à ceux qui sont en haut de la pyramide, mais tout le monde est complice ; nous restons tous bloqués dans le constat et la résignation.

Il ne s’agit pas de faire un soulèvement ou une manif, mais juste de revoir certaines de nos prédispositions au bon sens. Rien ne devrait plus nous surprendre.

Que vaut une parole frustrée acculée à s’envoler ? Ça fait longtemps que beaucoup de choses nous sont passées sous le nez et qu’on s’est fait voler notre vie et notre avenir sous les yeux. Les mêmes gueules et tronches poisseuses, les mêmes rengaines et refrains rasants, la même condescendance ridicule, toujours à la recherche du même bouc émissaire, ce petit mur qu’on saute facilement et sans permission. Quand ils tentent de nous expliquer ce qui se passe pour se justifier, ils s’enferment dans une logique branlante.

Pour nous mentir et nous accommoder au mensonge, ceux qui tirent les ficelles cherchent à atténuer notre colère en flirtant avec nos fantasmes.

Pour éluder, ou plutôt désamorcer, notre attention, ils créent la diversion, l’hameçon auquel on mord facilement, telle l’affaire Tazi, cet autre bouc émissaire jeté en pâture comme une charogne, sinon c’est aussi la réconciliation avec l’Espagne, cette liaison dangereuse où le Maroc se présente comme une femme qui ne prend plus d’amants, mais préfère asservir les hommes, et nous trouvons notre consolation dans cette nouvelle posture.

Cette diversion crée une surdose qui nous hypnotise et fait de nous des résignés. Mais tant que ceux qui ont la charge de nous diriger font les choses sous la bannière du je-m’en-foutisme, ils continueront à jubiler de notre silence, ou peut-être qu’ils se laissent abuser par ce silence.

Et ce citoyen qui aime rouspéter tout bas, il ressemble à une personne qui se noie mais qui essaie juste de garder la tête hors de l’eau sans faire le moindre effort pour en sortir. Plus les prix augmentent, plus le citoyen est prêt à casquer sans protester. De nature, l’être humain est disposé à payer plus cher ce qu’il n’a pas ou ce qui coûte déjà cher. En agissant de la sorte, on cautionne tout et on donne une excuse aux magnats, parce que nous sommes moins fidèles à notre cause qu’ils ne le sont à la leur.

Alors, pourquoi se défoncer au travail et se crever à vouloir gagner sa vie ? Pourquoi attendre qu’elle nous sourie et que la providence nous épargne ? Faut-il accepter l’inéluctable ?

Que l’on crie ou que l’on monte d’un ton ou d’un cran, nos paroles ne feront que s’envoler. Comment voulez-vous que les gens s’engagent d’honneur, alors que beaucoup de choses les séparent et que leurs intérêts divergent diamétralement ?Dans la vie, c’est chacun pour soi et foutons la paix à Dieu ! Alors, pour continuer à mener notre train de vie sans le réduire, n’oublions pas de passer à la pompe pour nous faire pomper.

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