Khouribga, une ville française…(65)

Nous célébrons le centenaire de la ville de Khouribga et de l’OCP, l’Office Chérifien des Phosphates ‘‘Loufisse’’ voulu par Lyautey. ‘‘Jnaynar Lotti’’, comme le nommaient les Ouled Abdoun, en signant le décret du 27 janvier 1920, était le seul à être conscient du caractère exceptionnel de ce ‘‘Loufisse’’. En confiant l’exploration et l’exploitation de l’OCP au seul ‘‘Magasin’’ (ma5zen), Lyautey a ainsi évité la rapacité du secteur privé. En 1925, va survenir une célèbre altercation entre Lyautey et Pétain à propos de la révolte du Rif sous la conduite de 3abdelkrim 5atabi. Les deux militaires, drapés dans leur dignité de maréchal de France, se détestent… Lyautey est très malade : il donne parfois l’impression d’aller au-delà de ses forces, craignant que, finalement, les efforts auxquels il se contraint le laissent trop épuisé pour mener à bien ses tâches politiques et militaires. Le 20 mai 1925, il écrit à Painlevé, le président du Conseil de la France (l’équivalent du Premier ministre de nos jours). Painlevé peut être traduit en Marocain par 5obz 5amer. Lyautey demande « à être remplacé au Maroc », sentant bien, écrit-il, que « du fait de mon âge, des accidents de santé que j’avais subis, mes forces pouvaient me trahir soudainement. Je crois qu’il est de la plus élémentaire sagesse de prévoir un ad latus à mettre auprès de moi, d’abord pour me seconder, puis pour me remplacer sans délai, en cas d’accident ». En fait, tout oppose Lyautey et Pétain : personnalité, cercle relationnel, carrière, commandements antérieurs, expériences politiques et militaires, ils n’ont rien en commun.

Contrairement à ce que prétend éhontément aujourd’hui, en 2021, le candidat à la présidence de la France, Éric Zemmour, un berbère algérien judaïsé, dans ses zemmouroïdes qu’il déverse sur la télé ZNews de Bolloré, un catholique radical croisé extrémiste de droite qui a fait fortune dans la France à Fric (France-Afrique) en corrompant des dictateurs, Pétain, en 1941, ne va non seulement pas sauver les Juifs mais va répondre aussi bien aux exigences des Allemands qu’à celles des idéologues Français les plus extrémistes. Le régime de Vichy (une station thermale, dans l’Allier, à l’est de Naves, le fief des valeureux Coulon) durcit sa politique juive, passant de la discrimination à la persécution. Parce qu’il avait été improvisé et appliqué à la hâte par des fonctionnaires pas toujours très zélés, le statut des juifs était considéré comme trop « laxiste » par Pétain et ses maîtres allemands. Ces fils de Pétain décident donc de le durcir et créent, à cet effet, en mars 1941, un Commissariat général aux Questions juives. Le nouvel organisme a pour mission la centralisation, la coordination et la dynamisation de la lutte contre « l’influence juive » dans les domaines intellectuel, culturel et surtout économique. La direction du Commissariat est confiée à un antisémite notoire, Xavier Vallat, qui se voulait, selon ses propres termes, le « chirurgien » chargé de débarrasser la société française de la « tumeur cancéreuse juive ». Il était fier de proclamer que son antisémitisme était antérieur au nazisme. Aussitôt nommé, il s’attelle à la rédaction d’un nouveau statut des juifs.  Xavier Vallat veut un statut antisémite plus « complet » et plus « cohérent ». Ce statut va devenir une loi de la République Française : la loi du 2 juin 1941. Cette loi, ces fils de Pétain veulent l’appliquer même au Maroc. Le sultan Mohammed Ben Youssef fait de la résistance en refusant d’appliquer ces textes de loi, promulgués à son insu par Vichy au Maroc et qui apportaient des restrictions négativement discriminantes, à l’encontre des Juifs. Face aux fils de Pétain, le sultan Mohamed Ben Youssef a répondu “Il n’y a pas de juifs au Maroc. Il n’y a que des sujets marocains”. (A suivre)

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