Nous célébrons le centenaire de la ville de Khouribga et de l’OCP, l’Office Chérifien des Phosphates ‘‘Loufisse’’ voulu par Lyautey. ‘‘Jnaynar Lotti’’, comme le nommaient les Ouled Abdoun, en signant le décret du 27 janvier 1920, était le seul à être conscient du caractère exceptionnel de ce ‘‘Loufisse’’. En confiant l’exploration et l’exploitation de l’OCP au seul ‘‘Magasin’’ (ma5zen), Lyautey a ainsi évité la rapacité du secteur privé. Pour parachever l’œuvre de Lyautey en étendant la Supply Chain du Magasin à l’ensemble de l’Empire chérifien, Lucien Charles Xavier Saint, né le 26 avril 1867 à Évreux, est nommé résident général de France au Maroc le 2 janvier 1929. Après l’extraordinaire développement de la ville, la région de Khouribga se trouve bien changée.
Les nomades se sont sédentarisés pour la plupart. Arpenteur privilégié des nations postcoloniales, Naipaul décrit souvent celles-ci comme autant de half-made societies : des sociétés que l’occupation coloniale a transformées pour toujours en les coupant de leur passé ancestral, et que le départ souvent précipité des Occidentaux a ensuite laissées au milieu du gué, comme orphelines de la modernité. Aux portes d’un univers occidental dont elles ne font pas partie, mais dont elles ne peuvent se détacher, tant il s’est imposé partout. D’où leurs fuites dans les idéologies, le nationalisme ou, plus tard, le fondamentalisme religieux. Fêter Noël le 25 décembre est l’un des héritages du séjour des N’ssaras (les Nazaréens) à 5ribga. Noël tient sa source d’un culte païen célébrant le solstice d’hiver : une fête appelée Dies Natalis Solis Invicti, « jour de la naissance du soleil invaincu » avait été fixée au 25 décembre par l’empereur romain Aurélien en 274, comme grande fête du culte de Sol Invictus (le soleil invaincu). Cet empereur choisit ainsi une date proche du solstice d’hiver, correspondant à la fois au lendemain de la fin des traditionnelles Saturnales romaines mais aussi à la date de la fête de la divinité solaire Mithra. Le but pour Aurélien était politique : «unifier l’Empire ».
La déesse Mithra est apparue en Iran, sa fête se serait déroulée chaque année le jour du solstice d’hiver, pour célébrer sa naissance et la victoire de la lumière sur les ténèbres car les jours commencent à se rallonger. Aurélien souhaite en effet unifier religieusement l’empire ; en choisissant cette date il contente les adeptes de Sol Invictus et ceux du culte perse de Mithra tout en plaçant la fête dans la continuité des festivités traditionnelles romaines. Rien dans les Évangiles n’indique la date de naissance de Jésus fils de Marie de manière exacte. Or, sa naissance aurait eu lieu au moment des récoltes des dattes, à la fin de l’été palestinien et non pas en plein hiver comme les N’ssaras la célèbrent ! Ce n’est qu’au IIIème siècle après Jésus que l’Église a cherché à déterminer sa date de naissance. En 336, à Rome, la date est fixée au 25 Décembre en lieu et place de la date de naissance de Mithra, la déesse iranienne. Concernant l’arbre de Noël, il n’a lui non plus aucun fondement religieux. Il existait déjà chez les Grecs mais il s’agissait d’un chêne qui était un symbole de vie. Il n’avait donc aucun rapport avec la religion chrétienne, qui se l’est simplement approprié en optant quant à elle pour un sapin. Le Père Noël est lui inspiré de Saint Nicolas, personnage qui apportait des cadeaux aux enfants au début du mois de décembre. Santa Claus fut finalement illustré par la marque coca-cola qui a alors largement contribué à sa diffusion à travers ses publicités. La bûche de Noël est issue quant à elle d’un rite païen ; elle était brûlée douze jours durant jusqu’au nouvel an en l’honneur du soleil, et les païens se fiaient à la façon dont elle se consumait pour en tirer des conclusions quant à l’avenir : si elle brûlait ardemment, alors il s’agissait d’un signe d’une bonne récolte, autrement ça sentait mauvais. Si la fumée dégagée ressemblait à des silhouettes humaines, cela signifiait la mort prochaine d’un proche. (A suivre)