Le dernier des 10 plus beaux poèmes français depuis le 13ème siècle

Georges Brassens venait de perdre son père le 28 mars 1965 quand il a perdu, le 7 mai 1965, « l’Auvergnat » Marcel Planche, qui, avec son épouse Jeanne, avaient caché Brassens des Nazis, comme c’est décrit dans la chanson « l’Auvergnat ». Gamin, Brassens avait été envoyé par les Nazis pour travailler dans une usine en Allemagne. Au bout d’un an, il a eu une permission pour rentrer à Sète, il décide de ne pas rentrer en se cachant dans le 14ème arrondissement de Paris, impasse Florimont, chez « l’Auvergnat » Marcel Planche », à deux pas de la maison d’Oum Arthur. A Sète, la ville natale de Brassens, il y a deux cimetières : celui des riches, dit marin, où repose l’autre poète sétois Paul Valéry et celui des pauvres où repose Brassens. Espiègle, Brassens parie que son cimetière sera plus « marin » que celui de Paul Valéry et règle ses comptes avec les bourgeois de Sète avec ce ver « Et n’en déplaise aux autochtones, cette tombe en sandwich entre le ciel et l’eau, ne donnera pas une ombre triste au tableau, mais un charme indéfinissable ! ». Ce 10ème poème est la « Supplique » de Georges Brassens pour être enterré à Sète. Il a utilisé un mot, la « camarde », pour parler de la mort. Un.e camard.e se dit d’une personne qui a de gros trous de nez ! Jeux de mot pour introduire l’expression « planter des fleurs sur la tombe de quelqu’un qu’on aime » ! 

 « La Camarde qui ne m’a jamais pardonné d’avoir semé des fleurs dans les trous de son nez, me poursuit d’un zèle imbécile ! Alors cerné de près par les enterrements, j’ai cru bon de remettre à jour mon testament, de me payer un codicille. Trempe dans l’encre bleue du Golfe du Lion. Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion, et de ta plus belle écriture, note ce qu’il faudrait qu’il advînt de mon corps, lorsque mon âme et lui ne seront plus d’accord que sur un seul point : la rupture ! Quand mon âme aura pris son vol à l’horizon, vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson, celles des titis, des grisettes ! Que vers le sol natal mon corps soit ramené dans un sleeping du Paris-Méditerranée terminus en gare de Sète. Mon caveau de famille, hélas n’est pas tout neuf. Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf. Et d’ici que quelqu’un n’en sorte, il risque de se faire tard et je ne peux dire à ces braves gens, « poussez-vous donc un peu » ! Place aux jeunes en quelque sorte ! Juste au bord de la mer, à deux pas des flots bleus, creusez si c’est possible un petit trou moelleux. Une bonne petite niche auprès de mes amis d’enfance, les dauphins. Le long de cette grève où le sable est si fin sur la plage de la corniche. C’est une plage où même à ses moments furieux, Neptune ne se prend jamais trop au sérieux ! Où quand un bateau fait naufrage, le capitaine crie, « je suis le maître à bord » ! Sauve qui peut, le vin et le pastis d’abord. Chacun sa bonbonne et courage ! Et c’est là que jadis à quinze ans révolus, à l’âge où s’amuser tout seul ne suffit plus, je connus la prime amourette auprès d’une sirène, une femme poisson, je reçus de l’amour la première leçon, avalé la première arrête ! Déférence gardée envers Paul Valéry… Moi, l’humble troubadour sur lui je renchéris…

Le bon maître me le pardonne… Et qu’au moins si ses vers valent mieux que les miens, mon cimetière soit plus marin que le sien ! Et n’en déplaise aux autochtones, cette tombe en sandwich entre le ciel et l’eau, ne donnera pas une ombre triste au tableau, mais un charme indéfinissable ! Les baigneuses s’en serviront de paravent pour changer de tenue et les petits enfants diront : « chouette, un château de sable » ! Est-ce trop demander sur mon petit lopin ? Plantez, je vous prie une espèce de pin, pin parasol de préférence qui saura prémunir contre l’insolation les bons amis venus faire sur ma concession d’affectueuses révérences. Tantôt venant d’Espagne et tantôt d’Italie, tous chargés de parfums, de musiques jolies, le Mistral et la Tramontane, sur mon dernier sommeil verseront les échos de villanelle, un jour, un jour de fandango de tarentelle, de sardane ! Et quand prenant ma butte en guise d’oreiller, une ondine viendra gentiment sommeiller, avec moins que rien de costume, j’en demande pardon par avance à Jésus, si l’ombre de ma croix s’y couche un peu dessus pour un petit bonheur posthume ! Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon ! Pauvres grands disparus gisant au Panthéon ! Pauvres cendres de conséquence, vous envierez un peu l’éternel estivant qui fait du pédalo sur la vague en rêvant… Qui passe sa mort en vacances ! Vous envierez un peu l’éternel estivant qui fait du pédalo sur la vague en rêvant… Qui passe sa mort en vacances ». Lien pour écouter ce poème en musique : https://youtu.be/anKb6gfUTDs?feature=shared

Beurgeois.Gentleman@gmail.com Retrouver les Anciens épisodes en version électronique sur notre site web wwwlecanardlibere.com

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