En arrivant chez moi le soir, je trouve un avis de la Lydec dans ma boîte aux lettres… Un feuillet bleu qui ne présageait rien de bon… Comme je m’y attendais, il s’agissait d’un préavis de coupure de courant électrique… Je suis donc accusé par cet honorable établissement d’être un mauvais payeur, une personne indigne de confiance et je me vois sommé de payer illico presto mes «arriérés » sous peine de sanctions immédiates, avant d’user d’autres voies de recours… Le tout cela exprimé en termes juridico-techniques froids et angoissants, me renvoyant aux clauses du contrat et… du cahier des charges du gestionnaire délégué ! Je relis le préavis attentivement… Il faut dire que cela faisait bien longtemps que je n’en avais pas reçu, ma banque se chargeant d’opérer le prélèvement des factures pour mon compte chaque fin de mois… Que ferais-je sans elle ? Mais depuis quelque temps, ce service avait été interrompu pour des raisons qui échappent à l’ex-banquier que je suis…
Déjà, la somme réclamée me fait sursauter… 973 dirhams et quelques centimes… En dépit de mes tentatives désespérées de rationaliser ma facture, rien n’y faisait… J’avais beau avoir opté pour des ampoules dites économiques (au prix exorbitant), et décrété le couvre-feu à la maison avec extinction des feux à 22 heures, j’en étais toujours pour mes frais. Tout ce que j’avais pu gratter, c’est une cinquantaine de malheureux dirhams… Un ami de bon conseil m’avait pourtant fait part de la recette miracle pour faire des économies substantielles… Me convertir au chauffage au gaz… Radical, m’avait-il promis, sauf que j’ai toujours eu la hantise de l’accident mortel, ayant entendu parler du nombre de personnes décédées par asphyxie… Vous me direz qu’on peut aussi succomber à une décharge électrique dans sa salle de bain, l’eau et l’électricité ne faisant pas non meilleur ménage… Paix à ton âme, Claude François !
Par ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les visites du lecteur-encaisseur de la Lydec se font de plus en plus rares… Je crois qu’ils se sont spécialisés dans le seul encaissement… Quant à la lecture des compteurs, elle est faite de manière épisodique, les employés en question se contentant apparemment d’évaluer au pif votre consommation en opérant les ajustements nécessaires trimestriellement, voire chaque semestre… Vous faisant basculer automatiquement dans des tranches de consommation supérieures, donc surfacturées…
Il n’y a pas de petites économies ! Mais ce qui m’a le plus intrigué dans cette histoire, c’est que la Lydec parle « d’arriérés » et me menace de sévir alors que la facture réclamée se rapporte au mois de février, lequel n’était pas encore entièrement écoulé, puisque le préavis en question avait été émis, envoyé et reçu le 21 février ! A la vitesse de la lumière donc ! Or, si l’en croit l’incontournable Larousse, « un arriéré est une somme qui n’a pas été payée à la date convenue »… Je ne me souviens pas avoir donné mon accord pour que l’on me prélève des traites avant leur date d’échéance, ou alors c’est à l’insu de mon plein gré ! Il faudrait donc, en l’occurrence, parler d’avances plutôt que d’arriérés et la Lydec, en bon gestionnaire de trésorerie, mais en très mauvais commercial, s’est quelque peu emmêlée les pinceaux ! Je pense sérieusement à lui adresser une réponse tout aussi officielle, en me faisant assister d’un bon juriste pour lui apprendre les bonnes manières ! Ceci dit, et parce qu’on n’est jamais trop prudent, je me suis empressé de régulariser ma situation… Courageux mais prudent, le rapport de force n’étant pas vraiment en ma faveur !