Le syndrome du métier

Il arrive des fois que notre esprit se déprave, que les convictions flanchent et que les idées ramollissent. Nous sentons que nous n’avançons pas et nous estimons que notre soi-disant générosité comble ce déficit. Nous reproduisons le concept de la masturbation intellectuelle des années 60 qui, en fait, occulte notre autre facette vicieuse et nous permet de régénérer complaisamment une image jubilatoire.

Superposer les exigences du métier à celles d’ordre personnel, capricieux précisément, révélerait le déséquilibre flagrant : Le parallélisme est incorrect. En tout état de cause, nulle tentative d’équilibrage, fatalement tardive, ne saurait raccommoder quoi que ce soit. Visiblement, notre tenue de cap subsiste tant bien que mal. D’aucuns préludent au repli – ou la retraite – seule issue à l’apothéose illusoire et dissimulée. C’est un choix contre nature ; la bataille est perdue, mais la guerre continue.

Pour tout dire, notre égocentrisme effréné fait que nous devenons trop pénétrés de nos soi-disant mérites et que tout le reste est tributaire du degré d’intérêt que nous nous portons. Nous nous sentons à l’aise dans le malaise, concevons l’ordre dans le désordre et créons un bonheur parsemé de heurts.

Toutefois, c’est assez surprenant de voir certains émettre des jugements sur d’autres dans la partialité la plus aveugle et sombre. Des sentences condamnatoires privatives de tout recours qui deviennent des fanfaronnades d’impassibilité. Vous vous doutez bien que vous êtes sur un terrain miné et qu’au moindre danger, les autres chercheront à se protéger et se plairont à vous regarder crever. Si vous êtes en train de vous noyer, votre ennemi, soi-disant ami, s’approchera de vous et enfoncera votre tête dans l’eau. Souvent, vous allez droit à la collision sans être conscient(s) du danger et vous ne pouvez absolument rien y faire. Bref, il vous est difficile de prévoir les manœuvres de votre adversaire.

À l’opposé, ces juges et bourreaux s’enticheront de potiches médaillées porteuses d’inepties imperméables à la rectitude. Le monde est à l’envers et vous laisse le revers de la médaille. Nous nous tirons dessus comme des gauches dans l’espoir de faire mouche, mais les balles ricochent et laissent des dommages collatéraux.

Vous entendrez souvent certains répéter le refrain : « combattre la médiocrité ». Manifestement, c’est le genre de phrase(s) qu’on balance pour se voiler la face et compromettre tout le monde sauf soi. C’est un peu à l’image de cet hôpital à qui on a fait la charité et qui s’en est éperdument moqué. Hier, la médiocrité était de mise et bénie, aujourd’hui, elle est bizarrement démise et bannie. Apparemment, la médiocrité est le nouveau critère qui départage les profils, ou plutôt les profits. Moralité, il vaut mieux s’intéresser plus à l’esprit – ou le fond – des hommes qu’à leur apparence – ou statut – et privilégier ce qu’ils font, quand ils en font, au détriment de ce qu’ils disent ou rabâchent.

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