Alphonse de Lamartine fait partie des Français qui ont fait preuve à l’égard de l’islam d’une volonté de compréhension au XIXe siècle. Lamartine, salué par Victor Hugo, est parfois jugé plus sévèrement par Flaubert et Rimbaud. Il reste cependant largement admiré pour la puissance de son génie poétique et compte parmi les plus grands poètes français du XIXe siècle. Seul garçon de sa famille, il reçoit en héritage les domaines de ses parents, mais, sans y être obligé, il partage avec ses sœurs. Il milite pour l’abolition de l’esclavage. Avec Balzac, il est adversaire de la peine de mort. A la suite de ses voyages en Orient, il défend, avec Victor Hugo, la cause des Serbes contre les Turcs. Le jour de la chute du roi Louis-Philippe et de la proclamation de la Seconde République, le 24 février 1848, peu avant minuit, Lamartine proclame la république à Paris. Sous l’impulsion des libéraux et des républicains, une partie du peuple parvient à prendre le contrôle de la capitale. Le roi Louis-Philippe est contraint d’abdiquer en faveur de son petit-fils, Philippe d’Orléans. Le lendemain, Lamartine s’oppose à l’adoption du drapeau rouge au profit du drapeau tricolore : « Citoyens, vous pouvez faire violence au gouvernement, vous pouvez lui commander de changer le drapeau de la nation et le nom de la France. […] Je repousserai jusqu’à la mort ce drapeau de sang (…), le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie ! ». Il est nommé ministre des Affaires étrangères et devient le véritable chef du gouvernement. C’est lui qui signe le décret d’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848. En décembre 1848, Lamartine n’obtient que 0,26 % lors de l’élection présidentielle qui porte au pouvoir Louis-Napoléon Bonaparte.
La fin de la vie de Lamartine est marquée par des problèmes d’argent, dus à sa générosité. Il meurt quasiment ruiné, en 1869. Pour finir, « L’automne », un poème de Lamartine, datant de 1820 : « Salut, bois couronnés d’un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature convient à la douleur et plaît à mes regards ! Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire, j’aime à revoir encore, pour la dernière fois, ce soleil pâlissant, dont la faible lumière perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois ! Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire, à ses regards voilés, je trouve plus d’attraits. C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire des lèvres que la mort va fermer pour jamais ! Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie, pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui, je me retourne encore, et d’un regard d’envie je contemple ses biens dont je n’ai pas joui ! Terre, soleil, vallons, belle et douce nature, je vous dois une larme aux bords de mon tombeau. L’air est si parfumé ! La lumière est si pure ! Aux regards d’un mourant le soleil est si beau ! Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie ce calice mêlé de nectar et de fiel ! Au fond de cette coupe où je buvais la vie, peut-être restait-il une goutte de miel ? Peut-être l’avenir me gardait-il encore un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ? Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore aurait compris mon âme, et m’aurait répondu? La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire. A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux. Moi, je meurs ; et mon âme, au moment qu’elle expire, s’exhale comme un son triste et mélodieux. (À suivre)