Bolloré a été soupçonné de vouloir peser sur l’élection présidentielle de 2022, en utilisant ses moyens et son influence sur les médias, pour faire avancer l’extrême droite, et en particulier OZZ 117, le berbère algérien, Olivier Zitoune Zemmour. Il a été auditionné en janvier 2022 par le Sénat à qui il a assuré que « son intérêt n’est pas politique, ni idéologique, mais purement économique ». Déclaration contredite quelques jours plus tard par OZZ, qui répond « absolument » à la question que Bolloré « soit animé par un “sentiment de mission” au service de la France ». Selon OZZ, « ce que je sais, pour en avoir discuté avec lui, c’est que Vincent Bolloré est très conscient du danger de civilisation qui nous guette, du danger de remplacement de civilisation. Il veut léguer à ses enfants et à ses petits-enfants la France telle qu’on la lui a léguée. Moi, je préfère quelqu’un qui est patriote et qui veut défendre la France. Je lui rends hommage ». Le HuffPost qualifie Bolloré de « magnat des médias conservateurs», et pour Le Nouvel Observateur, Bolloré a bâti « un empire médiatique ultraconservateur ». Un avis partagé par des journaux étrangers comme le New York Times ou le Financial Times. Ce phénomène inquiète Reporters sans frontières, qui dénonce des « atteintes répétées à la liberté de la presse et à l’indépendance des rédactions constituent une menace sans précédent pour la démocratie » et les « procédures-bâillons » pour intimider judiciairement toute critique ou enquêtes sur les activités et les affaires de Bolloré.
Il poursuit personnellement devant les tribunaux les journalistes de Radio France Inter, du Nouvel Obs, du Point, de France Télévision 2, du Monde diplomatique… Ce procès symbolique est présidé par : Oberti (Mediapart) – Procureur : Arié Alimi – Avocats : Tordjman et Abramowitch – Témoins – El Moaddem (Arrêt sur images) – Mahoudeau (docteure en science politique) – Samuel Gontier (Télérama) – Anas Daif (auteur) – Laroussi (étudiante) – Lévrier (historien) Dans un communiqué conjoint, les rédactions de l’AFP, Libération, Le Figaro, L’Humanité et Les Échos dénoncent « des tentatives inacceptables de Bolloré » pour les « faire taire en essayant de ruiner financièrement les journalistes ». Bolloré est proche des mouvances nationalistes bretonnes. Fervent catholique, il est partisan d’un catholicisme « identitaire » et traditionaliste, qu’il a tenu à relayer dans ses médias comme la défunte télé C8 que le Tunisien Cyril 5anouna a tué, CNews ou Paris Match… Bolloré a la même stratégie que Berlusconi et Trump, mais il n’entre pas personnellement en politique comme Murdoch. Bolloré soutient l’Algérien OZZ, « le candidat qui défend ses idées ». Bolloré mobilise son empire médiatique pour peser sur la présidentielle. Avec comme fer de lance OZZ, dont les obsessions identitaires et anti-islam colonisent le débat public. Bolloré échange quotidiennement avec OZZ (Olivier en français = Zitoune en arabe = Zemmour en berbère). L’émission du Tunisien Baba Cyril 5anouna sur la défunte télé C8 reçoit OZZ en décembre 2021, dévoile les deux virtualités du système Bolloré, reposant sur un double socle : celui du journalisme d’extrême droite classique incarné par OZZ et celui de l’horizontalité populiste représenté par Cyril 5anouna.
Le format de l’émission, avec une horizontalité qui donne la priorité au clash, permet la banalisation des idées d’extrême droite. Selon la chercheuse au CNRS Claire Sécail, l’extrême droite était surreprésentée dans la défunte émission TPMP – Touche pas à mon poste ! et 40% du temps d’antenne politique de TPMP sur C8 a été consacré à OZZ. Et surtout sous le prisme de la victimisation, pour Alexis Lévrier qui pense que s’ils ont échoué dans les urnes, Bolloré et OZZ ont gagné une bataille médiatique en imposant un vocabulaire, des idées et un imaginaire raciste, telle l’idée du grand remplacement. (À suivre)
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