Politique sans classe…

Les partis nationaux sont depuis longtemps en état d’agonie. Frappés de stérilité et incapables de dessiner des perspectives d’avenir pour la nation, ils ne produisent ni réflexion ni débat. Sans que cela ne dérange grand-monde. C’est peut-être une normalité marocaine ou une fatalité. Ça doit sans doute être comme ça et pas autrement.   

Pas de remue-méninges dans leurs réunions. Juste du remue-ménage sous la coupole. Un spectacle affligeant, infligé jusqu’à l’overdose, à ceux  qui ont connu des parlements plus flamboyants avec des ténors instruits qui avaient l’art d’élever le niveau, que l’on écoutait jusqu’au bout en improvisant un discours et savaient même en découdre avec les travées adverses avec élégance et panache. Une époque  politique révolue…

Ce n’est pas avec des boutiques partisanes pareilles, transformées en machines à distribuer les accréditations en temps électoral, qui confondent écrémage de l’élite et traite des vaches, tenté moins par  servir que se servir, que le Maroc peut espérer réhabiliter l’action politique en la mettant au cœur des attentes du citoyen. 

Ce n’est pas avec de telles structures brinquebalantes, qui sont restées sourdes aux multiples appels royaux pour faire leur aggiornamento et attirer les bons éléments, que le pays peut faire face aux défis qui l’assaillent de toutes parts.

Criblée de maux chroniques, suffoquant sous une médiocrité à jet continu, la classe politique nationale est dans le coma. Alors qu’elle a besoin d’une longue convalescence vu la gravité de son cas pour se refaire une santé, on la retrouve curieusement  bien représentée au gouvernement, en force au Parlement et par bataillons entiers dans une démocratie locale naufragée… S’il ne faut pas compter sur  les partis du cru pour adresser des messages d’espoir à la population, il faudrait en revanche  leur reconnaître  la capacité d’envoyer une armada d’élus prédateurs et prévaricateurs, siphonneurs d’argent public, devant la justice et même en prison où croupissent certaines figures locales et nationales déchues. Parfois tombées de haut après avoir pris dangereusement goût au caniveau.  

De cet assainissement d’envergure et sans précédent dans les annales sortira certainement quelque chose de bon pour le pays. A condition que les premiers concernés captent bien le signal et agissent en conséquence.

En attendant, l’engagement politique au Maroc a produit de grandes stars. Elles ont pour nom Naciri, Bioui, Boudrika et Moubdii… Ça fait rêver… S’ils sont depuis longtemps aux abonnés  absents, ne se rappelant  au bon souvenir de la population qu’à l’approche des élections pour leur raconter des histoires , les partis à la marocaine sont devenus des abonnés assidus  au fait divers judiciaire. Impressionnant, le palmarès délictuel de chaque parti, engendré par les élections de 2021,  circule depuis quelques jours  sur les réseaux sociaux. 

Triste paysage politique qui déconcerte plus d’un. Troublé et déçu, le citoyen lambda, livré à la vie chère, s’interroge… Sans avoir de réponse.

Ni sexy ni excitante, la politique marocaine n’intéresse plus grand-monde. A commencer par cette élite silencieuse et désabusée, qui compte les points en s’excitant  pour la politique des autres. Celle qui montre une réelle vitalité démocratique, une lisibilité dans les positions des forces en présence, s’exerce sans langue de bois, le suspense en prime et donne à voir une véritable compétition entre les programmes dans leurs moindres nuances. On en est loin. Une (autre) exception marocaine.

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