Tous les croyants prient… Que ce soit les morts ou les vivants… Pas toujours de la même manière, jamais dans les mêmes lieux de culte… Ils prient parfois en silence, souvent à voix haute, sans doute pour mieux se faire entendre… Ils prient qui par conviction, qui par simple routine, chaque communauté selon son rite, et souvent plusieurs fois par jour… Trois pour les juifs, cinq pour les musulmans lesquels, pour une fois, sont en tête ! Chacun a ses raisons pour invoquer le Seigneur… On prie pour remercier Dieu de ses bienfaits effectifs ou espérés ! On prie pour que nos vœux se réalisent, les plus nobles comme les plus inavoués… On prie pour soi ou pour les siens… Pour bénéficier d’une bonne prime ou d’une augmentation de salaire… Pour notre réussite et le bonheur des nôtres… On prie parfois aussi, pour l’échec et le malheur des autres… Parce qu’à défaut d’obtenir ce dont on rêve, on se contente du malheur des autres, qui, hélas, suffit souvent à notre bonheur ! Pour que le voisin soit muté à El Guergarate, par exemple ! Ou rentre dans un palmier avec sa voiture Mercedes flambant neuf, dont on se demande comment il a pu se l’offrir… Non, Lhaj Miloud ne parle pas de vous, bien sûr, les amis, vous qui êtes la générosité et le désintéressement personnifiés… Il parle des autres, des jaloux, des envieux et des égocentriques qui font un bien mauvais usage des prières, sollicitant même le diable et ses suppôts pour les aider à voir se concrétiser leurs projets machiavéliques…
Il y a des prières pour tous les goûts et pour toutes les occasions, les petites comme les grandes ! Et même pour toutes les bourses, d’aucuns organisant de sulfureuses et coûteuses veillées « spirituelles » où des membres de sectes en transe, flirtant entre Dieu et Satan, sont à l’honneur, invoquant les esprits pour la prospérité et la santé du généreux maître de céans … Il y a des prières d’une autre nature, également… Comme les prières rogatoires, destinées à provoquer des précipitations bénéfiques en période de sécheresse… Prières pratiquées dans tous les pays musulmans, et qui se trouvent de plus en plus rarement exaucées, le nombre de millimètres de précipitations étant, sans doute, indexé sur le degré de leur ferveur et de leur sincérité… Ceci expliquerait cela ! Prières rogatoires pratiquées donc par les musulmans, mais pas que… Puisqu’elles remontent à des temps immémoriaux où prières et sacrifices, parfois humains, étaient de mise pour implorer la clémence du ciel… Lorsqu’il se faisait trop prier ! Mais c’est de prières d’une toute autre nature que Lhaj Miloud voudrait vous entretenir aujourd’hui… Qui ne se pratiquent pas dans les lieux de culte ! Il ne s’agit pas non plus de prières de rues, particulièrement prisées par nos barbus chaque vendredi, et qui se transforment à l’occasion en de véritables démonstrations de force pour en imposer à l’ensemble de la société… Lhaj Miloud voudrait évoquer avec vous ces prières pratiquées dans les enceintes sportives, sur les pistes d’athlétisme par exemple… Rappelez-vous de Aouita ou El Guerrouj se prosternant le front contre terre, pour remercier le bon dieu de les avoir aidés à damer le pion aux armadas kényanes ou éthiopiennes…
Mais c’est dans les stades de football que ces prières sont devenues quasiment un rituel ! Avec des footballeurs musulmans qui se précipitent pour se prosterner et embrasser le sol, en guise de remerciements et de gratitude pour le Très Haut, à chaque fois qu’ils marquent un but… Et en criant Allah Ou Akbar ! Pas trop fort quand même, cela pourrait provoquer l’intervention instantanée des forces spéciales de lutte anti-terroristes, cette formule étant désormais assimilée en Occident à un cri de guerre islamiste, et susceptible donc de déchainer contre leurs auteurs des tirs sans sommation! Des prières adressées à Allah le tout-puissant, lequel leur aurait donc donné un petit coup de pouce à l’insu de l’arbitre… Ce qui déjà, en soi, ne serait pas très fair-play, mais passons ! Vous avez remarqué aussi, comment, lorsque nos joueurs sont interviewés, ils s’en remettent entièrement à Dieu, en qui ils placent toute leur confiance, sûrs que leurs prières seront exaucées… Même s’ils ne respectent guère les consignes de leur entraîneur, et qu’ils ne mouillent que modérément leurs maillots !
Tant que l’adversaire consiste en un « onze mécréant », à la rigueur… Dieu reconnaîtra les siens, surtout avec des tenues bien différenciées ! Mais lorsqu’en face, il y a une équipe aussi dévote que la vôtre, dont les prières valent bien les vôtres, il fait comment, le bon Dieu ? A qui donner la victoire ? Un vrai dilemme cornélien, non ? A moins qu’il ne la joue à pile ou face? Ou que le match n’oppose une équipe chiite à une équipe sunnite… Là, les choses deviennent plus claires, et le choix est vite fait en faveur de l’équipe élue… Laquelle ? Ne comptez surtout pas sur Lhaj Miloud pour vous le dire ! Gageons que Dieu laissera en toutes circonstances la meilleure équipe l’emporter, qu’elle soit dévote ou mécréante… Ce qui est quand même bien plus juste, il faut le reconnaître ! Alors, amis sportifs, un peu plus de rythme, et un peu moins de prières ! Dieu ne peut pas exaucer les vœux de toutes les parties !
