Quand les femmes françaises se faisaient insulter par les intellectuels (1848-1944)

Le code de la famille a été promulgué au Maroc en 1958 à la fin du Protectorat français. Il a connu depuis 2 réformes. Une petite en 1993, et une plus audacieuse en 2004. La troisième pourrait-elle oser s’attaquer à l’inégalité de l’héritage ? Deux parts pour le mâle, ce n’est pas mal ! L’égalité des sexes ne fut pas facile à obtenir pour les filles en France… Le suffrage universel instauré en France uniquement pour les mâles dès 1848, fut pendant tout un siècle (1848-1944) refusé aux filles. Ci-dessous des exemples de déclarations et d’écrits d’intellectuels et de sénateurs français entre 1848 et 1944 ; honte à eux, on ne leur fera pas l’honneur de citer leurs noms dans cette bafouille :

(1) N’ajoutons pas le suffrage des incompétences à celui des incompétents, répondait un philosophe, en 1910, à la question : « Les femmes doivent-elles voter?». 

(2) Les femmes valent mieux que les luttes de forum où elles compromettraient leur dignité fondamentale d’épouses et de gardiennes du foyer familial. La femme est destinée à la maternité, faite pour la vie de famille, la dignité de sa situation sera d’autant plus grande qu’elle n’ira point la compromettre dans les luttes du forum et dans les hasards de la vie publique. Elle oublierait fatalement ses devoirs de mère et ses devoirs d’épouse, si elle abandonnait le foyer pour courir à la tribune. Elle n’y apporterait pas d’ailleurs la modération de langage et la netteté des conceptions, qui sont indispensables dans les usages parlementaires. D’autre part, elle introduirait dans la famille un élément de dissolution et ferait perdre au père de la famille sa légitime influence.

(3) Les femmes, différentes, immatures, influençables, inférieures, ne peuvent prendre une part intelligente et autonome à la conduite des affaires publiques. On a donc parfaitement raison d’exclure de la vie politique les femmes et les personnes qui, par leur peu de maturité d’esprit, ne peuvent prendre une part intelligente à la conduite des affaires publiques. 

(4) Les mains des femmes sont-elles bien faites pour le pugilat de l’arène publique ? Plus que pour manier le bulletin de vote, les mains de femmes sont faites pour être embrassées dévotement quand ce sont celles des mères, amoureusement quand ce sont celles des femmes et des fiancées : séduire et être mère, c’est pour cela qu’est faite la femme. (5) Les femmes étant encore plus livrées que les hommes aux forces émotives seront emportées plus massivement encore par ces vastes ondes. La masse électorale nouvelle en s’ajoutant à l’ancienne ne fera qu’amplifier les vibrations de l’opinion régnante.

(6) Nous sommes disposés à accorder aux femmes tout ce que leur sexe a le droit de demander, mais en dehors de la politique. Donner le droit de vote aux femmes, c’est l’aventure, le saut dans l’inconnu, et nous avons le devoir de ne pas nous précipiter dans cette aventure. Ayons le courage de rester nous-mêmes. Nous avons remonté d’autres courants que le féminisme. Nous avons remonté le courant du boulangisme, le courant du nationalisme et toutes les fois que la République a été en péril c’est le Sénat qui l’a sauvée. (7) II est établi qu’en temps normal les femmes sont déjà plus nombreuses que les hommes. Que sera ce moment où les prisonniers et les déportés ne seront pas encore rentrés. Quels que soient les mérites des femmes, est-il bien indiqué de remplacer le suffrage masculin par le suffrage féminin ? (À suivre)

Par Beurgeois GENTLEMAN

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