Quels choix de développement pour la durabilité ?

La présente chronique reprend les grandes lignes d’un exposé que nous avions présenté le 28 mai dernier lors d’un forum mondial de la jeunesse organisé par la jeunesse socialiste (organisation des jeunes du PPS) à Tanger et auquel ont assisté des jeunes venus de différents continents. Ce genre d’espace est idoine pour poser des questions sur les principaux défis qu’affronte l’humanité et les danger réels et potentiels qui guettent son existence.  Autant de problématiques qui se posent avec acuité à la fois aux peuples de la planète et aux acteurs de la vie politique et associative.

Le constat d’abord.  Il se résume dans une formule simple : le monde va mal. Il traverse une série de crises à tel point que personne ne pourrait envisager quelle en sera l’issue. C’est une crise multiforme dont les manifestations sont les suivantes :

-crise sanitaire due au covid

-19 qui est loin d’être finie et maitrisée. Puisque les mêmes causes produisent les mêmes effets, il n’est pas exclu d’assister à l’avenir à l’apparition d’autres pandémies beaucoup plus sévères et plus meurtrières ;

– cirse économique profonde qui touche aux fondements de l’économie mondiale qui a connu une vague de mondialisation depuis notamment la fin de la deuxième guerre mondiale;

-crise des institutions issues de Bretton Woods (FMI, Banque Mondiale, OMC) devenues inefficaces et inadaptées à l’évolution du monde ;

-crise des Nations-Unies et notamment du Conseil de Sécurité qui n’est plus représentatif de l’actuel rapport de forces suite à l’émergence de nouvelles puissances régionales en Asie, en Amérique Latine et en Afrique;

-crise de la démocratie représentative faisant que le fossé entre le peuple, et notamment la jeunesse, et l’élite politique s’élargit de plus en plus. On parle de « fatigue démocratique ». Au point que certains pays se sentent fatigués avant même de tenter le processus démocratique !

-un monde constamment en guerre. A peine la deuxième guerre mondiale terminée, des conflits ont éclaté ici et là souvent initiés par les grandes puissances et le complexe militaro-industriel qui en est le grand gagnant. Ces guerres ont abouti à des désastres provoquant non seulement des pertes humaines incommensurables, mais le démantèlement des Etas entiers. La guerre qui se déroule actuellement entre la Russie et l’Ukraine, et qui risque de durer, ne sera certainement pas la dernière ;

-des problèmes environnementaux et écologiques mettant en péril l’humanité et le vivant d’une façon générale. Et si la situation actuelle persiste ou s’aggrave, comme le prévoient les différents rapports du GIEC, le monde va droit à la catastrophe. D’ores et déjà, les variations climatiques brutales que nous connaissons sont un signal d’alarme à prendre au sérieux ;

-des inégalités criantes et scandaleuses entre pays dits « développés» et pays dits « en voie de développement », couplées aux inégalités sociales au sein de chaque pays à tel point que dans certains cas, un pour cent de la population s’accapare plus de la moitié de la richesse nationale.

Ce sont là quelques traits marquants de la situation mondiale. La liste n’est pas forcément exhaustive et peut être élargie à souhait.

Derrière un tel désastre, la responsabilité incombe en premier lieu au capital financier international et au complexe   militaro-industriel. Les peuples et les pays en voie de développement sont victimes de la domination coloniale et néocoloniale. Ainsi, l’impérialisme mondial a procédé au « pillage du tiers-monde » et à son appauvrissement. Qui plus est, le capital financier international, à travers son idéologie néo-libérale, a non seulement mis la main sur les richesses du monde, mais aussi sur les esprits des gens en contrôlant les médias, et en orientant la recherche scientifique et le savoir. Il n’hésite pas à faire et défaire les gouvernements, quitte à s’allier avec le diable !

Alors que durant la pandémie, la pauvreté et la précarité se sont partout aggravées et les faillites d’entreprises se sont multipliées, les sociétés du numérique, les GAFAM, (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) ont vu   leur chiffre d’affaires et leur profit augmenter à un rythme sans précédent. Tout comme les laboratoires producteurs de vaccins anti-covid. Pfizer, à lui seul, a dégagé 70 MM$ de bénéfices en une seule année !

Le complexe militaro-industriel n’est pas au reste. Il réalise, à son tour, des profits astronomiques dépassant tout entendement, et allant jusqu’à 1000% !! C’est pour cela que les guerres demeurent indispensables à la survie du capitalisme.

C’est un moyen de pallier la baisse tendancielle du taux du profit telle qu’elle a été étudiée par Marx et développée par les théoriciens de l’échange inégal.  On imagine mal que le complexe militaro-industriel renoncera facilement à cette manne. Plus il en produit, plus il veille à déclencher des guerres pour élargir le marché. La loi de Baptiste Say, selon laquelle, « chaque offre crée sa propre demande », se vérifie parfaitement.

Dans une telle situation, seuls les peuples auraient intérêt à militer pour la paix et la concorde. C’est dire que les choix qui s’offrent à nous en matière de développement sont hélas limités. Nous n’avons d’autre choix que d’œuvrer de concert à la fois sur le plan national et mondial.

Au plan national, nous sommes appelés, chacun au niveau de son propre pays, à militer en faveur de l’instauration de l’Etat de droit et de la justice sociale en réalisant les trois équilibres fondamentaux : macro-économiques, macrosociaux et écologiques.

Au plan mondial, nous devrions faire preuve de solidarité à toute épreuve pour faire front contre le capital financier international et cultiver les valeurs de paix. Cette tâche incombe en premier lieu à la jeunesse mondiale.

C’est pour cela que la jeunesse est invitée à intégrer massivement la lutte démocratique qui passe en premier lieu par une lutte au niveau de la pensée et de l’idéologie afin de contrer la pensée néolibérale qui a « pollué » les esprits en réduisant l’être humain à un simple robot et en faire  une personne déconnectée de son réel à l’image de « Robinson Crusoé ».

En guise de conclusion, il n’est pas sans intérêt de rappeler cette citation de Jean Jaurès « un peu d’internationalisation éloigne de la patrie, beaucoup d’internationalisation y ramène. Un peu de patriotisme éloigne de l’internationale, beaucoup de patriotisme y ramène».

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