Résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara : Une consécration historique

De feu Hassan II à Mohammed VI: Une même constance dans la vision et le pragmatisme.

Cette résolution ne surgit pas du néant : elle vient couronner des décennies d’action diplomatique, politique et institutionnelle conduite avec méthode, patience et conviction.

Azeddine Hannoun*

Azzedine Hanoune 1

L’adoption par le Conseil de sécurité des Nations Unies, le vendredi 31 octobre 2025, de la résolution consacrant le plan marocain d’autonomie comme base exclusive de la solution au différend régional autour du Sahara constitue un moment de rupture dans l’histoire contemporaine du Maroc. Il s’agit non seulement d’une victoire diplomatique éclatante, mais aussi de la consécration d’un demi-siècle de clairvoyance politique et de constance stratégique. Cette résolution ne surgit pas du néant: elle vient couronner des décennies d’action diplomatique, politique et institutionnelle conduite avec méthode, patience et conviction. Elle traduit la reconnaissance internationale d’un projet marocain cohérent, fondé sur le réalisme, la légitimité et la recherche du compromis.

De Feu Hassan II à SM Mohammed VI : la continuité d’une vision nationale

Le Discours royal prononcé à cette occasion éclaire la logique profonde de cette continuité historique. Le Roi Mohammed VI inscrit cette victoire dans le sillage du combat entamé par Feu Hassan II, artisan de la Marche Verte et de la récupération des provinces sahariennes. Là où Feu Hassan II a œuvré pour la récupération du territoire et à le décoloniser, le Roi Mohammed VI a travaillé inlassablement à la consolidation de la souveraineté et à l’intégration pleine et entière du Sahara dans le processus du développement stratégique du pays. Entre les deux règnes, il y a non pas rupture, mais transmission et approfondissement : la diplomatie marocaine s’est transformée sans jamais renier sa boussole. Le Maroc de Mohammed VI n’a cessé de traduire sur le terrain les principes hérités du Maroc de Hassan II : stabilité, développement, unité et ouverture sur le monde. Le plan d’autonomie de 2007, désormais consacré par la communauté internationale, s’inscrit dans cette filiation historique : il parachève la logique initiée avant 1975.

L’unité territoriale comme paradigme du Maroc moderne

Depuis l’indépendance, l’unité territoriale est le paradigme fondateur de la nation marocaine. Elle structure le récit national, irrigue la diplomatie et forge l’identité collective. Le Maroc est une nation historique dont le récit est linéaire, continu et cohérent.

Chaque génération a eu à défendre, sous une forme différente, la même idée : celle d’un Maroc souverain sur son territoire, uni, maître de son destin, respectueux des valeurs de paix et de coopération, respectueux du droit international et promoteur d’une stabilité régionale durable.

Cette linéarité n’est pas nostalgie : elle est force de projection. Elle donne au Maroc la capacité de se réinventer sans se renier, d’innover sans rompre avec ses fondements. Le discours royal du 31 octobre 2025 en est une nouvelle illustration : il réaffirme la souveraineté nationale tout en tendant la main au dialogue, notamment à l’Algérie et aux populations des camps de Tindouf.

Un appel à la réconciliation et à la mobilisation

Sa Majesté Le Roi a lancé un appel fort et inédit : celui de la réconciliation. D’abord envers l’Algérie, invitée à ouvrir un dialogue fraternel, fondé sur la confiance et la complémentarité. Ensuite envers les Marocains de Tindouf, invités à rejoindre la dynamique nationale de construction et de développement et d’ouvrir un nouveau chapitre basé sur la réconciliation et l’optimisme. Le séparatisme n’a jamais été une solution pour affirmer son identité. Le Maroc a d’ailleurs toujours été divers et sa force réside dans le respect des spécificités de chaque groupe

Ce double message n’est pas rhétorique : il est profondément politique. Il traduit une maturité souveraine — celle d’un État sûr de son droit, qui n’a plus rien à prouver, mais tout à construire. Cette ouverture ne signifie pas relâchement : elle engage au contraire le Maroc à poursuivre la voie du réalisme, de la modernisation et du développement inclusif. Le Souverain a d’ailleurs annoncé l’actualisation du plan d’autonomie, une démarche qui témoigne de la bonne foi marocaine et de son alignement constant sur le droit international. En fait, cette actualisation est nécessaire afin de permettre aux autres parties d’avoir également leur mot à dire dans la solution. Cette dernière ne devrait pas être unilatérale, elle doit être acceptée, concertée et co-construite pour que sa mise en œuvre soit une réussite. En effet, les solutions imposées ont toujours fini par échouer.

Défis et responsabilité collective

L’histoire n’est pas achevée. Le moment de célébration doit rapidement céder la place au moment de mobilisation nationale. Les défis à venir sont nombreux : consolider les acquis diplomatiques ; maintenir la cadence accélérée du développement des provinces du Sud; renforcer la cohésion interne et la participation des citoyens à la gestion des affaires locales ; faire de cette évolution une opportunité de moderniser davantage les contours du système constitutionnel et politique marocain. Et en faire également une occasion d’accélérer le processus de territorialisation des politiques publiques dans la continuité de la régionalisation avancée. L’unité territoriale n’est pas qu’un slogan patriotique ; elle est un projet collectif qui suppose la participation sincère de toutes les forces vives de la Nation : institutions, partis politiques, universitaires, société civile, diaspora et jeunesse.

Un Maroc historique face à son avenir

Cette résolution du Conseil de sécurité consacre la vision d’un Maroc ancien par son histoire, mais résolument moderne par son action. Elle clôt un cycle et en ouvre un autre : celui d’un Maroc pleinement souverain, pacifique, tourné vers le développement et la coopération régionale. En ce sens, Le discours royal ne marque pas la fin d’un conflit, mais le début d’une ère nouvelle : celle d’un dialogue qui ne remet pas en cause l’unité territoriale.

* Professeur de droit public à l’Université Ibn Tofaïl de Kénitra

Les plus lus
[posts_populaires]
Traduire / Translate