Voici le nouveau produit, intello et génial, le mandarin et le clerc de la fac: Superprof ® (attention : marque déposée).
Il écrit des livres, publie des articles, donne des conférences et des interviews (comme s’il était le seul à faire ça), assure aussi des cours (heureusement d’ailleurs) et entretient des affaires ailleurs (ça ne nous concerne pas). Son nom résonne fort, séduit et épate. Superprof ® aime être la coqueluche des autres et être entouré de fans et de valets.
Messire Superprof ®, preux chevalier dignitaire, est doté de nouvelles options avantageuses ; il dispose de valeureux écuyers prêts à le secourir en cas de dommage matériel ou moral. Donc, il ne surveille pas puisqu’il est surveillé, n’assiste pas aux réunions de la cour puisqu’il est assisté et ne lui fournit pas des explications puisque c’est une grosse tête.
Il arrive que son excellence Superprof ® soit à la une de l’actualité, parce qu’il peut être contrarié, embêté même, à l’idée d’honorer ses engagements et de faire acte de présence pour ne pas briller par son absence. Il est visé, pointé, hué … il devient la personnalité dont on parle le plus. Toutefois, il faut reconnaître que beaucoup l’envient et aimeraient s’identifier à lui … A la longue, tout le monde risquerait de devenir Superprof ®.
Sa seigneurie continue à plaider en faveur du mandarinat sectaire. Confronté aux prescriptions réglementaires, Superprof ne savait plus à quel saint se vouer, mais il s’est rendu compte que pour avoir la fin et les moyens, il vaut mieux avoir affaire à Dieu qu’à ses saints … Nécessité fait loi … Et comme on ne connaît pas les saints, on les déshonore surtout quand on a le bras long et la langue bien pendue. C’est encore une fois ce foutu élitisme ostentatoire et inexpugnable qui se nourrit d’une connivence infâme au gré d’un défaitisme lâche et contre le gré des saints.
A tout Superprof, tout honneur : à l’impossible, tu n’es pas tenu, parce qu’au royaume des profs, tu es maître et roi.
Charité bien ordonnée commence par toi. Tu es unique : comparaison n’est pas raison et ton naturel revient au galop parce que l’habitude est une seconde nature. Durant les prochaines échéances, abstiens-toi et fais ce que veux, advienne que pourra ; tes bonnes intentions vont paver le paradis. Cogne et garde le manche et n’oublie pas de dire à la fontaine que tu boiras son eau. Nous te promettons que nous n’éveillerons pas le chat qui dort.
Les galons … ça a toujours été une histoire d’assoiffés de confiance, le blason d’un chapitre croisé extrait par pression d’un filon qui a fait les beaux jours des aspirants, devenus clanistes.
En fait, ce galon (PES), comme disait un de nos congénères, n’est en général que la facette d’un ‘ramassis’ surestimé et accrédité dans la connivence mandarinale péremptoire, comme pour régner sur un piédestal galonné et brimer les subalternes, une autre espèce qui en veut à sa manière … La logique cléricale veut que le galon se mesure au fameux ramassis et que tout autre forme d’affirmation (promotion) relève du discrédit : avoir ou ne pas avoir … En fait, c’est avoir pour les clanistes et ne pas avoir pour les subalternes. Cette même logique a besoin de maintenir le déséquilibre entre ceux qui sont au-dessus et ceux qui doivent rester en-dessous. Mais, quand vous prenez du galon et que le mérite vous envoie dans le clan d’en-dessus, vous n’êtes pas tellement le(s) bienvenu(s). Les galons, c’est pour les méritants. Personne n’a plus de soucis à se faire pour les autres qu’ils n’ont à s’en faire pour lui. Quand chacun se mêle de ses affaires, les relations vont mieux. Bref, laissons les subalternes avancer : ça passe ou ça casse.
Lahcen OUASMI, Casablanca, 3 mai 2022. l.ouasmi@flbenmsik.ma