Comme un petit air de nostalgie…

Le  nouveau Bureau politique du PAM, formé le samedi 11 mai, dans le sillage de son congrès de février dernier, n’a rien de neuf.  Mais la nouveauté est de taille. Elle réside essentiellement dans le retour  d’une brochette de revenants, qui ont pris leurs distances avec le parti  depuis plusieurs années au gré des changements, pas toujours heureux, intervenus dans ses directoires.
Il y a lieu de citer les retrouvailles avec le  premier secrétaire général de la formation, l’inoxydable Hassan Benaddi qui n’a rien perdu de sa verve  ni de son éloquence. En plus  d’avoir le don de rassurer dans un contexte politique à la fois  sensible et anxiogène, la cooptation de cette figure tutélaire et très respectée, ainsi que d’autres personnalités à l’image de Ali Belhaj, Fatiha Lyadi ou Samir Belfkih, a valeur de signal politique fort. La multiplication ces derniers temps d’arrestations d’élus prévaricateurs qui ont maille à partir avec la justice  dans diverses affaires  a déstabilisé une classe politique habituée jusque-là au confort de l’impunité. C’est dos au mur et face à la justice qu’elle  doit désormais nettoyer ses  rangs et faire son aggiornamento sans cesse remis à plus tard. Le PAM, qui n’échappe pas à cette vague d’assainissement sans précédent, a compris que les temps (politiques) ont changé et qu’il doit s’il veut survivre  rompre avec l’ère du tout-venant-partisan, cette ère qui a vu débarquer en son sein des profils  peu recommandables, parvenant à décrocher des mandats électifs et même à prendre le pouvoir en interne, par les jeux de clan et des petites intrigues. Nantis souvent en avoirs et très peu en savoir, ces faux militants agissant souvent par opportunisme, qui peuplent toutes les enseignes politiques, ont  fini par imposer leur loi y compris aux bons éléments que le PAM a réussi  à attirer et dont certains siègent au gouvernement.

Le PAM réussira-t-ilà faire un retour réussi vers  le passé, son passé détourné en y puisant la sève d’un nouveau départ ?

Le trio aux manettes du PAM, Fatima-Zahra Mansouri, Mehdi Bensaïd, Salahdine aboulghali, qui incarne chacun à sa façon cette dynamique réformatrice, est visiblement décidé à faire le ménage en se montrant plus exigeant dans les recrutements. Dans ce cadre, le come-back de certains militants de la première heure, crédités d’une conduite vertueuse, qui se sont éloignés pour certains d’entre eux pour ne pas justement cautionner les dérives de leur formation, a comme un petit air de nostalgie… Il pourrait être interprété comme une volonté de retour aux sources, cette période annonciatrice d’une pratique politique rénovée dont le PAM, sorti alors  de la matrice du Mouvement de Tous les Démocrates (MTD) lancé en 2008, se voulait le héraut pour accompagner le Maroc nouveau plein de promesses qui se mettait alors en place. Mais ce projet noble ne tardera pas à être dévoyé sous les mandats de secrétaires généraux improbables au point que le PAM est devenu méconnaissable. Interchangeable. Les sorties de route du parti du tracteur se multiplient.Les incartades de ses dirigeants aussi. C’est ainsi que  l’on a vu par exemple un Abdellatif Ouahbi  exprimer publiquement  en prévision des législatives de 2021 sa volonté de s’allier avec le PJD  en vue de la formation du prochain gouvernement alors que son prédécesseur en avait fait une ligne rouge. Voilà qui achève de brouiller l’image du parti et contribuer à son discrédit. Le PAM que l’on croyait porteur d’une valeur ajoutée partisane, à cheval sur les valeurs qu’il mettait en avant, est devenu, à force de se démonétiser, comme les autres. Une enseigne qui cherche à aller à la soupe par tous les moyens, quitte à vendre son âme au diable… C’est cette course prématurée au pouvoir qui a été fatale à son image, le poussant à reproduire les pratiques de ses  aînés chez lesquels il n’a pas hésité à faire son marché en débauchant des professionnels des élections  aux méthodes douteuses. Le PAM, qui se trouve au milieu du gué comme les autres partis, doit se débarrasser de ses brebis galeuses qui agissent comme un repoussoir pour pouvoir être attrayant pour les profils de qualité. Mais réussira-t-il à faire un retour réussi vers le passé, son passé détourné en y puisant la sève d’un nouveau départ ?