Le ministre de l’Intérieur enchaîne les réunions avec les chefs des partis politiques en vue des élections législatives de 2026. Mais les quelques informations qui transpirent de ces conciliabules ne semblent pas aller dans le sens de la rupture avec les pratiques ayant conduit à la médiocrité actuelle qui crève les yeux . En témoignent leurs revendications consistant à augmenter le nombre de sièges parlementaires, le retour de la liste des jeunes qui a donné lieu par le passé à des méthodes de chouchoutage flagrantes ou la création d’une liste mixte ( regroupant hommes et femmes) dite de « compétences » au nom de la représentativité des femmes et des jeunes dans le paysage politique. Des candidats faire-valoir pour légitimer les autres, ceux qui doivent aller au suffrage universel pour obtenir leur siège. Les apparences côté jeunes et parité étant saufs, ceux-là, qui constituent le gros des bataillons qui partent à l’assaut de l’hémicycle, peuvent être incompétents et médiocres, louches et véreux, cela ne dérange nullement les dirigeants des partis ! Pourvu qu’ils soient des notables bien enracinés ou des types bien nantis en avoirs, indispensables dans le contexte national pour décrocher son ticket sous la coupole. Il faut avoir en effet quelques millions de DH à investir dans le souk électoral pour obtenir l’accréditation tant convoitée qui souvent se monnaye au prix fort dans les coulisses des marchandages . En face d’un candidat ainsi blindé, un rival propre et instruit, qui n’a que son engagement à proposer, ne fait pas le poids et a toutes les chances de mordre la poussière. Ce genre de profils, tous les partis sans exception leur courent derrière et leur font même des courbettes. Profitant de leur « succès », ils n’hésitent pas, une fois élus, à en jouer pour intervenir dans les affaires du parti et orienter pour leurs intérêts personnels certaines de ses décisions. Cette gamme de spécimens a fait une entrée en force dans le Parlement cuvée 2021 et certains échantillons sont en train de finir leur mandat derrière les barreaux de Oukacha.
Les Marocains ne veulent plus de partis-applaudimètre qui se contentent d’acclamer les décisions royales mais une classe politique qui accompagne la vision du souverain dans l’efficacité et la rigueur.
Dans les élections à la marocaine, seule compte la course aux sièges qui carbure à l’argent, considéré par les partis en lice comme le sésame pour faire entrer le maximum de têtes dans l’hémicycle. Car de cette logique arithmétique dépendent les chances de chacun pour former le gouvernement ou du moins en faire partie et tout le reste est dépeuplé…Tant que cet état d’esprit et ses pratiques dominent, vous ne verrez guère la classe politique signer de son propre chef un gentlemen agreement moral en vertu duquel les investitures ne sont accordées qu’aux candidats reconnus propres et suffisamment instruits pour déchiffrer une loi de finances, faire une proposition de loi ou contribuer à en enrichir le contenu…Or, le choix, le bon choix, des candidats est d’une importance cruciale. De nature à favoriser l’écrémage d’un personnel politique de valeur, il représente la première pierre de l’édifice démocratique, le premier pas vers l’installation d’un écosystème politique vertueux. On en est loin.
Or, l’électorat est de moins en moins naïf et non éclairé, prêt à gober tout ce qu’on lui raconte. A l’ère des réseaux sociaux où tout se sait et se partage à grande échelle, l’électorat est devenu informé en temps réel, les responsables politiques étant sous une surveillance constante. Un propos déplacé, une promesse non tenue, un scandale sont immédiatement relayés jusqu’ au fin fond du Maroc profond. Le chef du gouvernement et bien des ministres en savent quelque chose, qui sont régulièrement pris pour cible parfois à tort, parfois à raison…La donne a changé et il faut que la classe politique en tienne compte si elle veut véritablement compter.
Seraient inutiles, voire contre productives des élections qui ne marquent pas une rupture avec le passé et ses pratiques répréhensibles et accouchent de nouveau de profils marqués du sceau de la médiocrité et de l’infamie. C’est tout le pays qui aura manqué un rendez-vous crucial pour redorer le blason des partis et redonner espoir dans la politique. La balle est dans le camp de la classe politique et non du ministre de l’Intérieur. Il ne tient qu’à elle de changer pour attirer les bons éléments et mettre en place un processus rigoureux de sélection des candidats. De telle sorte que le Parlement 2026 incarne ce Maroc en mouvement qui avance sous l’impulsion royale, ce Maroc des chantiers de développement stratégiques tous azimuts mais aussi de la bonne gouvernance et de la richesse mieux répartie. Un Maroc de l’égalité des chances, qui favorise les conditions d’une vie digne pour tous. Les partis qui sont à la traîne tiennent là l’occasion de se réhabiliter et de réhabiliter l’action politique. Les Marocains ne veulent plus de partis-applaudimètre qui se contentent d’acclamer les décisions royales mais une classe politique qui accompagne la vision du souverain dans l’efficacité et la rigueur, capable de parler à la jeunesse et de répondre concrètement à ses attentes. Il est urgent de changer de logiciel. Le mouvement de mobilisation dans la rue de la génération Z pour réclamer un avenir est l’expression de l’échec d’une certaine conception de la politique. L’alerte a été donnée…