L’Algérie dos au mur

Abdellah Chankou, directeur de la publication.

Le Conseil de sécurité s’apprête à adopter une résolution historique portée par les États-Unis. Et pour cause… Ce texte acte définitivement le plan d’autonomie pour le Sahara marocain comme seule solution à ce conflit factice vieux de 50 ans. Un tournant diplomatique majeur qui coïncide avec le cinquantenaire de la Marche Verte le 6 novembre. La symbolique est forte.  La neutralité bienveillante de la Russie, illustrée par des abstentions répétées au Conseil de sécurité depuis 2016 et confirmée par la dernière visite de Nasser Bourita à Moscou, est un facteur décisif pour éviter un veto. 

Ce tournant décisif est l’aboutissement d’une dynamique plus large de reconnaissances internationales croissantes du plan marocain et de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Ce qui se joue actuellement à l’ONU dépasse la simple adoption d’une résolution. Il s’agit d’une reconfiguration stratégique du dossier. Un basculement géopolitique de haute importance que la diplomatie marocaine a dessiné par petites touches, patiemment et méthodiquement, pour inscrire la marocanité du Sahara dans le marbre de la légalité internationale. Cette évolution représente un changement sémantique et politique sans précédent par rapport aux résolutions antérieures, qui mentionnent plusieurs options sans en privilégier aucune, laissant aux adversaires de l’interdite territoriale du Royaume une certaine liberté pour alimenter le statu quo.

Les puissances ont justement sonné la fin du statu quo qui a longtemps prévalu. Le calendrier est aujourd’hui très serré (négociations d’ici fin 2025 et échéance en janvier 2026) et la nature contraignante du projet de résolution induit une pression diplomatique inédite sur l’Algérie, géniteur et parrain du Polisario : une vérité longtemps escamotée par la propagande algérienne et que la communauté internationale, grâce au travail diplomatique continu du Maroc, a fini par appréhender dans toutes ses dimensions. Tout le monde est convaincu désormais que le protagoniste principal de cette fumisterie régionale est l’Algérie et non le Polisario qui a été instrumentalisé pendant un demi-siècle comme pantin pour nuire aux intérêts du Maroc.

Ce régime anachronique ne peut se réinventer qu’en revenant à de meilleurs sentiments envers le Maroc.

En somme, l’heure de vérité a sonné pour la junte militaire algérienne qui joue son avenir dans cette affaire. Finies les manœuvres dilatoires et autres mensonges sur le soutien « du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ». L’appel direct de l’envoyé de l’ONU, Staffan de Mistura, pour qu’elle « encourage le Polisario à privilégier la voie politique » isole un peu plus le pays du Maghreb en panne. Son refus de participer aux négociations la placerait en porte-à-faux vis-à-vis de la communauté internationale. Ce qui pourrait être perçu comme un facteur de blocage non seulement pour la résolution du pseudo conflit du Sahara, mais aussi pour l’intégration maghrébine, au moment où les défis sécuritaires et économiques dans la région exigent une véritable coopération. Ce statu quo contreproductif, alimenté par le maintien de la tension permanente avec le Maroc ( rupture des relations diplomatiques, fermeture des frontières) se traduit par un manque à gagner colossal pour les pays de la région, voire de tout le continent. C’est dire que les responsables algériens tiennent là une opportunité inespérée pour répondre à la main tendue du Roi Mohammed VI à de multiples occasions. Une invitation à « nos frères en Algérie, pour œuvrer de concert et sans conditions à l’établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage ».

La bienveillance royale, exprimée sans détours dans plusieurs de ses discours, prend toute son importance, à la lumière de la prochaine résolution du Conseil de sécurité qui consacre le principe de ni vainqueur ni vaincu. Elle met plutôt l’Algérie face à ses responsabilités, voire à son destin. Le pays est confronté à des difficultés économiques structurelles et un verrouillage autoritaire du pouvoir à cause de la mainmise de l’armée. A cela il convient d’ajouter l’effritement systémique de la position internationale de l’Algérie qui s’est brouillée avec ses alliés traditionnels, notamment la France, ses voisins du Sahel et une bonne partie du monde arabe. Ce régime anachronique ne peut se réinventer qu’en revenant à de meilleurs sentiments envers le Maroc. Le choix est désormais clair pour les maîtres d’Alger : Poursuivre leur jeu hostile et suicidaire basé sur le soutien à un séparatisme mort diplomatiquement, au risque d’aggraver la situation du pays. Ou saisir l’opportunité d’une réconciliation qui permettrait de faire renaître l’Union du Maghreb Arabe (UMA), et donner naissance à un pôle de stabilité et de croissance face aux défis communs (sécurité au Sahel, souveraineté énergétique, migration). Et last but not least, réorienter les dépenses militaires qui ont atteint des niveaux records de part et d’autre vers des investissements productifs.

Le bon sens voudrait que le géniteur du Polisario entende la voix de la raison en acceptant de faciliter la mise en œuvre du plan d’autonomie sous souveraineté marocaine. Ce scénario, s’il se concrétisait, serait un game-changer géopolitique pour toute l’Afrique du Nord. La prochaine résolution du Conseil de sécurité offre à l’Algérie une chance inestimable pour chausser pour une fois les lunettes de l’avenir et sortir de son anachronisme destructeur.

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