Les Arabes en danger

Abdellah Chankou, directeur de la publication.

L’attaque israélienne du 9 septembre contre le Qatar visant des leaders du Hamas a eu comme effet brutal de réveiller le monde arabo-musulman dont les dirigeants se sont réunis lundi 15 septembre en sommet extraordinaire à Doha. Rare moment d’unité des membres de la Ligue arabe et de l’OACI face à une entité sioniste désinhibée qui cherche au son du canon à asseoir sa domination au-delà de la Palestine occupée. Il faut volontairement faire preuve de cécité géopolitique pour ne pas le voir. Les terroristes de Tel Aviv, qui poursuivent depuis octobre 2023 leur entreprise génocidaire à Gaza dans l’impunité totale, n’ont-ils pas frappé le Liban, la Syrie, l’Iran et le Yémen sans que leurs agressions criminelles à répétition ne donnent lieu à la moindre action commune forte de la part des leaders arabo-musulmans ?

Alors que l’heure est grave, la déclaration conjointe de fin du sommet ne contient aucun acte de fermeté à l’égard des barbares du Moyen-Orient. Nulle mention de représailles même a minima comme la suspension des relations commerciales ou diplomatiques. Les signataires se sont contentés de reprendre les ficelles de la rhétorique habituelle de la condamnation mille fois épuisée des agissements abominables de Netanyahou et de son protecteur américain. Comment punir une superpuissance militaire qui s’est essentiellement fortifiée sur la capitulation des régimes arabes? Touché au cœur, le richissime émirat du Qatar, tout comme ses voisins tout aussi opulents, a soudainement pris conscience de son extrême vulnérabilité, réalisant qu’il est menacé dans sa souveraineté. A Doha, Riyad et Abu Dhabi , les pseudo assurances américaines ont volé en éclats. Panique à bord.

Or, quand on déjeune avec le diable, il faut avoir une grande cuiller. Et sur ce plan, force est de constater que les monarchies du Golfe en général sont démunies, submergées désormais par le regret de ne pas avoir investi dans ce qui forge le véritable respect et la rapport de force : la technologie militaire. L’exemple par l’Iran qui aurait été certainement envahi et détruit par l’impérialisme américano-sioniste si le pays n’était pas militairement viable et démontré sa capacité à faire mal à son agresseur. On sait maintenant pourquoi le régime des Mollahs cherche à posséder l’arme nucléaire. Ce n’est pas par lubie mais par nécessité géostratégique et survie politique face à un ennemi nucléarisé qui se croit tout permis dans le nouveau monde sauvage de Trump. Celui-ci a suffisamment dévoilé son jeu de complicité avec les évangélistes sionistes dont il semble soutenir le rêve qu’ils ne cachent plus du « grand Israël » biblique pour ne pas en tirer les enseignements qui s’imposent. A savoir que le versement de milliards de dollars dans les clubs de foot en Europe, le développement des services financiers et l’achat à tour de bras d’hôtels de luxe en Occident ne protègent pas contre les missiles des forces du mal. Sous-traiter sa défense aux États-Unis en se prenant pour son allié alors qu’ il vous traite en valet relève d’une dangereuse illusion.


Dans le monde en pleine dérive d’aujourd’hui où la diplomatie et le droit international n’arrêtent pas d’être pulvérisés sous les yeux de tous par la loi du plus fort, il n’ y a que le hard power qui compte. 

L’Europe vient de l’apprendre à ses dépens en se retrouvant militairement fragile et politiquement désorientée face aux velléités d’expansionnisme de la Russie après le largage de Donald Trump qui lui a retiré le parapluie militaire américain. Le milliardaire US, qui ne comprend que le langage du fric, du rapport de force et de la puissance, a visiblement livré le Vieux contient à son copain Poutine qui a curieusement multiplié les provocations par drones interposés en Pologne et en Roumanie depuis sa rencontre en Alaska d’août dernier avec le maître de la Maison Blanche . Il n’est pas exclu que ce dernier ait livré dans un deal secret les pays du Moyen-Orient à son ami Netanyahou qui se charge du génocide à Gaza pour la transformer en « Riviera du Moyen-Orient » cher à Donald Trump. Quelle est la prochaine étape ? Les immenses richesses dont regorge les pays du Golfe doivent attiser bien des convoitises et ce n’est pas le machin onusien, confortablement installé dans l’impuissance, qui pourra empêcher la violation de la souveraineté des autres par les États voyous. 

Dans un tel contexte, le soft power est une blague. Dans le monde en pleine dérive d’aujourd’hui où la diplomatie et le droit international n’arrêtent pas d’être pulvérisés sous les yeux de tous par la loi du plus fort, il n’ y a que le hard power qui compte. Les pétrodollars en pagaille donnent l’illusion de l’influence et du pouvoir. Mais n’achètent pas une force de dissuasion, seule véritable bouclier contre l’agression et l’injustice.

Lors du sommet de Doha, l’Égypte a proposé la création d’une sorte d’Otan arabe, un projet proposé par le passé qui n’a jamais abouti. Mais que vaut réellement une alliance militaire dépourvue de doctrine défensive solide ? L’idéal serait à cet égard d’œuvrer sérieusement pour la naissance d’une alliance militaire arabo-musulmane, de telle sorte de compter en son sein une force de dissuasion nucléaire. Il y a près de 2 milliards de musulmans dans le monde, soit un quart de la population mondiale. Une force qu’il est grand temps d’utiliser face au bellicisme américano-sioniste.

L’ennemi, qui a détruit l’Irak, la Libye et la Syrie en tuant des millions de personnes, a tombé les masques et agit maintenant à découvert . Il ne faut se tromper ni de combat ni de cible ! Le temps est à l’action.

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