Aquafina, Amane et d’autres / Ces eaux qui ne coulent pas de source…

Le fort potentiel de croissance du marché de l’eau en bouteille n’a de cesse d’aiguiser les appétits. Le nouveau filon s’appelle les eaux de table dont les exploitants entendent bien tirer le plus grand profit.

Ça  se bouscule toujours au portillon du secteur des eaux embouteillées dont le confinement généralisé a dopé la consommation. Les sources naturelles se faisant très rares, certains opérateurs se sont rabattus sur l’eau purifiée, qui paraît-il, représente le nouveau filon qu’ils entendent bien exploiter, attirés par  une croissance dynamique, près de 14%, d’un marché qui pèse plus de 1 milliard de litres et génère 2 milliards de DH de chiffre d’affaires. De quoi faire saliver…    

Les nouveaux entrants, qui se positionnent sur l’eau de table, possèdent un allié de taille dans leur désir de conquête du marché : l’ignorance du consommateur lambda. Ce dernier ne fait pas généralement la différence entre une eau de source bonne pour la santé grâce à ses propriétés naturelles et une eau purifiée par des procédés technologiques. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle marque du nom de Aquafina a fait son entrée dans le commerce.

Il s’agit d’un produit de  l’Américain PepsiCo,  lancée fin décembre 2018 au Maroc par l’indien Varun Beverages Morocco, filiale de l’indien du même nom. Or, pour une eau purifiée, le prix n’est pas donné. Pour les formats, 1,5 litre, 0,55 litre et 0,33 litre, Aquafina s’est aligné sur les prix de vente  des eaux minérales qui ont pignon sur rue en les vendant respectivement à 5 DH, 3 et 2!

Les nouveaux entrants, qui se positionnent sur

l’eau de table, possèdent un allié de taille dans leur désir de conquête du marché :

l’ignorance du consommateur lambda.

Mais qu’est-ce qui justifie ce niveau de prix alors que Aquafina n’est pas une eau minérale ? Les promoteurs de la marque mettent en avant le caractère innovant du procédé de purification utilisé baptisé Hydro-7 que la maison-mère a breveté. Ce procédé permet  d’extraire selon un processus à plusieurs étapes une eau expurgée, selon ses propriétaires, des substances non désirables comme le chlorure et les sels qui influencent la qualité d’eau et d’incorporer les minéraux essentiels tels que le magnésium. Ce processus industriel favoriserait l’obtention d’une eau parfaite et équilibrée. Vu le coût de Aquafina, il est plus rentable de se tourner vers les différents dispositifs de filtration de l’eau que de plus en plus de Marocains sont nombreux à adopter et qui permettent d’obtenir une ressource saine et propre…  

Les patrons de la marque au Maroc, qui visent 5% du marché grâce à leur unité installée à Bouskoura, se targuent aussi d’avoir les bouteilles les plus légères du secteur avec des bouchons jugés tout aussi différents.

La filiale de Ynna Holding, Al Karama, s’est positionnée  à son tour sur le créneau de l’eau de table avec deux nouvelles marques Amane Souss lancée en 2015  et Amane Gharb qui a fait son apparition en 2020.

Le groupe Chaâbi espère faire décoller  le business de Al Karama  qui n’a pas réussi avec  sa première marque d’eau minérale Aïn Soltane, lancée en 2007, à se faire une place dans le secteur des eaux minérales naturelles. Le produit Amane (eau en berbère) répond visiblement à une stratégie de régionalisation de la consommation d’eau de table basée peut-être sur la fibre de chaque région, les berbères dans le Souss et les arabes dans le Gharb. On attend Amane Fès pour les fassis, Amane Nord pour les nordiques et Amane Sahara pour les sahraouis. Une telle démarche marketing risque d’être un bel coup d’épée dans l’eau…

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