Depuis, la mi-mars, où des essaims de criquets ont été aperçus dans les oasis de Tata et Zagora au sud du pays, les autorités marocaines ont sonné la mobilisation. Le ministère de l’Intérieur a annoncé la mise sur plan d’un plan de veille et d’intervention renforcée pour contenir toute propagation acridienne. Des unités spécialisées ont été déployées dans les provinces exposées, notamment Figuig, Bouarfa, Bouanane, Boudnib, Errachidia, Ouarzazate, Zagora, M’Hamid El Ghizlane, Tata, Fam El Hisn et Smara. Des opérations de pulvérisation aérienne ont déjà été menées pour circonscrire les foyers détectés et limiter les dégâts sur les récoltes. Objectif : Tuer dans l’œuf toute opération de reproduction et donc de propagation du ravageur.
«Bien que la situation demeure sous contrôle et ne suscite pas d’inquiétude à ce stade, des mesures proactives et réactives ont été déployées », précise un communiqué officiel qui rappelle que la « proximité [du Maroc] avec les foyers actifs d’Afrique de l’Ouest et du Sahel impose un état de préparation avancé. Les zones les plus sensibles sont celles du sud-est, souvent premières exposées lors des migrations vers le nord». Le Maroc n’en est pas à sa première invasion acridienne. Depuis le début du XXe siècle, le pays a connu plusieurs attaques : en 1954, 1988, 2004, 2019 et 2023. Un essaim de criquets pèlerins de 200 milliards consomme 400.000 tonnes de nourriture… par jour. Les criquets peuvent voler jusqu’à 150 kilomètres par jour pour trouver leur nourriture.
Dans les croyances locales et même occidentales, l’avènement du criquet est synonyme de bonheur et de prospérité. L’année suivant l’invasion des mandibules apporte pluie et bonnes récoltes, racontent par exemple les populations de Oued Draa qui voient dans les criquets pèlerins moins une menace pour leur propre sécurité alimentaire qu’un signe annonciateur d’abondance… Ce que ne dément pas le retour des pluies au Maroc qui a fait renaitre la nature après plusieurs années de sècheresse, au grand bonheur de tous.
