L’université marocaine n’est pas au top de sa forme. Elle va même très mal. Et c’est le chef du gouvernement Aziz Akhannouch qui le reconnaît, chiffres à l’appui, lors de son passage devant le parlement lundi 12 juin dans le cadre des séances mensuelles des questions orales.
Les données livrées par M. Akhannouch ne sont pas rassurantes : le taux de l’échec universitaire a culminé à 49% au cours des dernières années, le chômage chez les diplômés des filières d’accès direct est de 18,07%. D’autres indicateurs sont au rouge comme le taux d’encadrement pédagogique (un enseignant pour 120 étudiants) et la faiblesse de la part budgétaire consacrée à l’université, à peine de 1,6%, dans le budget général. On peut continuer à noircir le tableau en parlant d’une série de parents pauvres du système comme la Recherche, l’absence de motivation des enseignants et de leur évaluation, l’abandon des thèses de doctorat dans des proportions effarantes, déficit abyssal des chercheurs, la manière dont les doctorants sont encadrés…
Aziz Akhannouch a assuré les députés de la volonté de son gouvernement de relever le niveau de l’institution universitaire nationale par la mise en œuvre d’une nouvelle vision pour ce secteur très stratégique. Une vision fondée sur « un ensemble cohérent de valeurs capable de mobiliser » toutes les parties prenantes autour «d’une vision commune et unifiée». Et M. Akhannouch de rappeler lors de son intervention «l’importance de valoriser le capital humain pour garantir la réussite des trajectoires de développement du Royaume, renforcer la capacité des citoyens à se préparer pour l’avenir et permettre au pays de renforcer sa compétitivité. Le plus grand mal qui mine l’université marocaine et rejaillit sur son rendement à tous les niveaux est la fonctionnarisation des mentalités encouragée par une syndicalisation stérile. Il frappe une bonne partie du corps enseignant et aucune réforme aussi ambitieuse soit-elle ne peut aboutir sans le traitement de ce problème en profondeur. Autrement dit, il s’agit de réhabiliter l’enseignant et de le remettre au cœur du dispositif du savoir et de sa transmission selon les normes et les règles de l’art.
Faute de quoi, le gouvernement ne réussira qu’à empiler les réformes sur le papier.