Le nombre des tués sur les routes qui n’a pas baissé de manière significative tout autant que celui des blessés ne valide pas l’efficacité de l’action menée l’agence dirigée par Benacer Boulaajoul.
L’agence nationale de la sécurité routière (NARSA) tient-elle la route? Dispose-t-elle réellement d’une stratégie efficiente? Le verdict est tombé comme un couperet et il émane du procureur général du Roi près la Cour de Cassation et président du Ministère public El Hassan Daki. S’exprimant à l’occasion de la journée académique, organisée lundi 13 mars à Rabat par le Ministère public, sous le thème « Stratégie nationale de sécurité routière », le magistrat n’y est pas allé par quatre chemins. Pas de langue de bois mais le langage des chiffres. La route au Maroc continue d’être mortelle avec en moyenne 10 morts et 250 blessés par jour. Bon an mal an, chaque année plus de 3.500 vies sont fauchées par les drames de la circulation et près de 12.000 s’en sortent avec des séquelles graves. Le patron de Narsa, Benacer Boulaajoul, présent lors de ce séminaire, était dans ses petits souliers.
Les données livrées ne valident pas l’efficacité de la stratégie de lutte contre l’insécurité routière dévolue à l’agence qu’il dirige depuis 2019. En termes économiques, le prix est tout aussi lourd : 1,69 % du PIB. Me El Hassan Daki a insisté dans son intervention sur le rôle du Ministère public dans la surveillance des mécanismes stratégiques en relation avec le code de la route et les textes réglementaires y afférents pour une application rigoureuse de la loi. L’arsenal répressif est au point et Me Daki a annoncé la création au sein du Ministère public d’une unité spécialisée dans les questions de la sécurité routière. C’est le volet préventif qui présente des insuffisances qui rejaillissent sur l’insécurité routière dont il est nécessaire d’agir sur les causes structurelles. Ce qui est certain c’est que la stratégie routière, confiée à l’agence, a montré ses limites puisque le nombre des tués n’a pas baissé de manière significative. Ce qui pose la question de l’utilité d’une telle entité dont il convient d’évaluer objectivement les méthodes de travail dans le domaine de la prévention et de la sensibilisation. Ce n’est pas en reconduisant les stratégies sans en avoir évalué l’efficience ni en multipliant les plans triennaux que les objectifs escomptés seront atteints. Engloutir l’argent public par plusieurs millions de DH sans obligation de résultat s’apparente à de la gabegie. Il est essentiel de lutter en parallèle contre les conduites dangereuses notamment des deux roues qui roulent n’importe où et n’importe comment comme si le code de la route n’était pas fait pour eux. Ce qui provoque en milieu urbain des accidents souvent mortels impliquant des automobilistes. La sécurité est surtout une affaire d’action. Mais les mesures prises, aussi fortes soient-elles, ont peu de chance de produire leurs effets sans prise de conscience collective.