Nasser Zefzafi a-t-il décidé de prendre la voie du repentir ? Le message publié récemment sur son compte Facebook où il a déclaré renoncer à son statut de meneur du hirak du Rif et sa demande introduite auprès de la direction de la prison de l’éloigner de ses codétenus rifains le laisse entendre. Celui qui a écopé de 20 ans de prison en 2017 dans le cadre des événements d’El Hoceïma pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’État » a même dézingué ses compagnons qui ne cherchaient à ses yeux que la gloire et le leadership ! Visiblement déçu, Zefzafi, qui s’était imposé comme le visage de la contestation avec ses sorties virulentes contre l’État « corrompu » ou « l’arbitraire » du pouvoir, reconnaît aujourd’hui que le hirak a fait pschitt et accuse certains de ses compagnons de l’avoir eux-mêmes saboté. Le mouvement de contestation du Rif a été déclenchée par la mort, en octobre 2016, d’un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures après avoir tenté de s’opposer à la destruction de sa cargaison de poisson émanant d’un trafic au cœur du port d’El Hoceïma.
Quelle lecture faire des états d’âme de Zefzafi et de sa prise de distance avec la jacquerie rifaine ? Faut-il y voir un début de repentance négocié en échange de sa libération ? Concomitamment à sa sortie, le quotidien El Mundo a publié dans son édition du 25 avril un entretien réalisé par téléphone depuis sa cellule de la prison locale de Tanger 2 avec Nasser Zefzafi où ce dernier aurait déclaré qu’« ils me demandaient de dire ‘Vive le Roi’ pour qu’ils cessent de me torturer ». Or le père du détenu et son porte-parole, Ahmed Zefzafi, a nié sur des médias locaux que son fils ait accordé cette interview au journal espagnol. Du bidonnage ? Une chose est sûre : Nasser Zefzafi a eu tout loisir de changer…