Rabat va à la pêche au vrai partenariat

Le chef de la diplomatie Nasser Bourita.

Entré en vigueur le 18 juillet 2019 pour une durée de quatre ans, l’accord de pêche Maroc-Union européenne expire le 17 juillet 2023. Cette fois-ci, Rabat ne compte pas faire de l’activisme auprès de ses partenaires pour le renouveler. Il ne  sera tout simplement pas reconduit. Du moins dans sa forme actuelle. Ainsi en ont décidé les autorités marocaines. Et ce n’est que justice puisque cet accord, signé pour la première fois en février 2007,  a été invalidé le 29 septembre 2021 par la Cour de justice européenne au motif qu’il couvre les eaux territoriales du Sahara marocain et porterait  par conséquent atteinte au prétendu « droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ». Le gouvernement Akhannouch n’attendra  donc pas  le jugement en dernière instance du tribunal de l’UE prévu dans les semaines  à venir  suite au  pourvoi formulé par le Conseil de l’Union européenne.

« Le Maroc n’a plus à s’engouffrer dans les innombrables litiges qui entourent cet accord, les ratifications, les annulations avant reconduction, les procédures d’appel… Le tout, dans un mélange insoluble d’intérêts économiques et de récupération politique. Et cela dure depuis huit ans, quand l’ONG britannique Western Sahara Campaign UK (WSCUK) a commencé à en dénoncer le contenu au nom de la spoliation par le Maroc des ressources halieutiques dans les provinces du Sud », a déclaré l’économiste Mohamed Jadri au site 360.

L’accord  de pêche Maroc-UE bénéficie essentiellement aux armateurs espagnols dont la flotte, composée de quelque 93 bateaux  pêche dans les eaux marocaines.  En échange de cette exploitation des ressources halieutiques nationales, le Maroc touche pour  les quatre années de l’accord une compensation financière de 208 millions d’euros. Une somme dérisoire compte tenu de l’importance de l’effort de pêche déployé par les pêcheurs européens. Mais le Royaume en tirait un bénéfice diplomatique puisque les zones de pêche couvrent en grande partie les eaux sahariennes. Or, ce gain  plus symbolique que financier s’est effiloché au fil des années  perdant même de sa pertinence à mesure que la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud, reconnue en 2020 par les États-Unis, n’est plus mise en équation. L’inquiétude monte depuis des semaines dans les milieux des pêcheurs ibériques  qui craignent de ne plus accéder aux côtes marocaines.  

La députée du groupe parlementaire Vox (extrême-droite) de Malaga, Purificación Fernández, a annoncé, lors de la séance plénière de jeudi 15 juin, les « graves conséquences que subira la flotte andalouse » après la confirmation de la non-reconduction de l’accord de pêche Maroc-UE. Ce qui se traduira selon cette élue par une mise au chômage de 50 navires dans la région autonome de l’Andalousie. Une solution sera certainement trouvée qui tient compte de la normalisation des relations entre Rabat et Madrid qui connaissent une belle embellie. Une coopération ambitieuse en bilatéral dans le domaine halieutique n’est pas à exclure.  

Contrairement à certaines institutions de l’UE travaillées par les lobbys pro-Polisario,  le Maroc n’a jamais été dans l’ambivalence, joue cartes sur table en s’interdisant de pêcher en eaux troubles.

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