Secteur maritime : De Ghellab à Kayouh…

Devant un parterre de ministres, le cabinet américain BCG a présenté les principales recommandations de l’étude consacrée à la reconstruction d’une flotte marine marchande à la hauteur des nouvelles ambitions du Maroc, à l’échelle continentale et internationale.

Le ministre istiqlalien du Transport et de la Logistique, Abdessamad Kayouh a pris à bras-le-corps le dossier maritime. Dans ce cadre, il a présidé, jeudi 16 janvier 2025 au siège de son département, une réunion consacrée à l’étude portant sur la reconstruction de la flotte de la marine marchande. Au cours de cette rencontre, les représentants du cabinet de conseil en stratégie, l’Américain Boston consulting Group (BCG), chargé de se pencher sur l’avenir du secteur maritime national, ont fait un exposé sur l’avancement de l’enquête qui leur a été confiée par l’ex-ministre de tutelle Mohamed Abdeljalil. Cette initiative s’inscrit dans le cadre des orientations royales contenues dans le discours royal du 48ème anniversaire de la Marche Verte ( 6 novembre 2023), appelant à la nécessité de reconstruire une flotte maritime commerciale nationale forte et compétitive.

Le Royaume disposait dans les années 70-80 d’un armement fort de 66 navires qui lui permettait d’assurer près de 25% de son commerce extérieur. Ce qui en restait, incarné par la Comanav, Comarit de Abdelmoula et IMTC de feu Karia, a disparu dans les années 2000 et 2010. Compagnie publique, la Comanav a été bizarrement privatisée en 2007 sous l’époque de Fathallah Oualalou, alors argentier du Royaume, et cédée au groupe français CMA-CGM de feu Jacques Saadé. Ce qui fait du Maroc le seul pays du Maghreb à avoir bazardé sa compagnie étatique.

Quant aux opérateurs privés IMTC et Comarit, ils ont coulé sous les effets ravageurs d’une libéralisation irréfléchie et irresponsable du transport maritime, menée en 2006, à l’initiative de l’ex-ministre istiqlalien de l’Équipement et du Transport Karim Ghellab. Une étude réalisée en 2012 par un cabinet espagnol du nom de ALG Transportation, Infrastructure & Logistics, sur l’Open Sea au Maroc, a conclu que la libéralisation sauvage du secteur maritime national a accéléré la disparition des compagnies locales… 

Cette libéralisation, qui s’est faite sans les mesures d’accompagnement appropriées des armateurs nationaux qui n’étaient pas préparés à cette ouverture brutale, a profité par conséquent au pavillon étranger. Résultat : Le Maroc s’est retrouvé sans armement alors qu’il possède deux belles façades maritimes longues d’environ 3500 Km et de grands ports d’envergure mondiale notamment celui de Tanger Med. Mais point de flotte! Dans ce processus de reconstruction qui s’ouvre, la première action à entreprendre est sans doute d’ordre législatif. Objectif : Une refonte en profondeur du code maritime national qui date du 26 mai 1919!

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