Soins médicaux : Akdital met à nu les vrais déficits chroniques de la santé au Maroc…

Le buzz du week dernier a été créé par une annonce de recrutement par le groupe Akdital de 800 infirmières égyptienne, pour un salaire de 10.000 DH et une batterie d’avantages. Colportée par un journal cairote et relayée au Maroc par les réseaux sociaux, la rumeur a mis en transe les réseaux sociaux et les groupes de discussions malgré un démenti apporté par le premier opérateur de santé national. Quelque 200 millions d’impression en deux jours, un record ! Si ce clabaudage a bénéficié d’une diffusion virtuelle à grande échelle qui exhale les relents d’un nationalisme exacerbé c’est parce que les internautes désapprouvent la démarche, estimant que Akdital ne devrait pas faire appel à du personnel soignant étranger et tout faire pour privilégier les infirmières du cru, au nom de « la préférence nationale ». Et si l’opérateur n’en trouve pas localement, ce qui est le cas, qu’est-ce qu’il est supposé faire? Mettre la clé sous le paillasson ?! Or, le secteur de la santé au Maroc, confronté à une série de contraintes, est plus complexe et incompatible avec les réflexes chauvinistes. Embaucher des aides-soignantes égyptiennes, subsahariennes ou australiennes est un impératif dicté par des considérations objectives liées à une crise de ressources humaines qualifiées. Le gouvernement en sait quelque chose, qui a fait adopter il y a quelques années la loi 33.21 en vue d’attirer le personnel médical étranger…Et puis, il faut être fair play et accepter les règles du jeu de la mondialisation des compétences, censée se fait dans les deux sens puisque de plus en plus de médecins marocains cèdent à leur tour aux sirènes de l’expatriation.

Le fait qu’un groupe de santé de l’envergure de Akdital, fort de 25 établissements de soins conçus aux standards internationaux installés dans 13 villes du pays, éprouve le besoin de recruter des ressources humaines étrangères, traduit une volonté de pallier des insuffisances chroniques de profils pointus notamment dans le secteur paramédical. Savez-vous par exemple que le Maroc ne forme pas à certains métiers spécifiques comme l’instrumentiste, la personne en charge des instruments nécessaires lors d’une intervention chirurgicale ou l’hygiéniste dont la fonction est d’organiser, coordonner et mettre en œuvre les opérations portant sur l’hygiène hospitalière, la prévention des risques infectieux ou la lutte contre les infections associées aux soins? Ayant appris le métier sur le tas, ces techniciens ne courent pas les couloirs des cliniques au Maroc. D’où la nécessité pour le ministère de tutelle d’agir pour favoriser l’émergence d’un écosystème de formation dans le paramédical capable d’accompagner efficacement la généralisation de l’assurance maladie et la protection sociale. La santé ce n’est pas que des bâtiments et des appels d’offres pour acheter des équipements… Le secteur de la santé recrute mais le capital humain ne suit pas faute de centres de formations aux métiers de la santé en nombre suffisant. Et puis, pour pouvoir prodiguer des soins de qualité, il faut préparer des ressources humaines bien formées. Là où l’on voit que le chômage, qui fait des ravages au Maroc, n’est pas une fatalité. Il prend naissance et se fortifie dans l’absence de réactivité des décideurs.

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