Mais où est passée la datte marocaine ? En ce mois de Ramadan, il suffit de faire un petit tour dans les marchés pour s’apercevoir que les étals sont dominés par les dattes étrangères, la saoudienne, émiratie, tunisienne et algérienne malheureusement. La Marocaine, notre fameux Majhoul, est presque introuvable. La raison revient comme un leitmotiv dans la bouche des commerçants : trop chère ! Autour de 95.000 DH le kilo au marché de gros de Derb Mila à Casablanca. La vie chère touche aussi ce fruit censé être à la portée de tous du fait que le Maroc dispose d’immenses zones oasiennes et depuis 2010 d’une structure dédiée, l’agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’Agranier (ANZDOA) dont le rôle est de valoriser le potentiel national dattier et qui a mobilisé plus de 143 milliards de dirhams entre 2012 et 2023… « Je préfère m’approvisionner en dattes étrangères d’entrée de gamme qui restent abordables, moins de 50 DH le kilo, plutôt que de prendre le risque de faire des méventes avec une datte nationale au prix excessif», explique un vendeur de fruits secs à Derb Ghallef.
Cette situation met en lumière la dépendance du Maroc de la production dattière étrangère pour satisfaire la demande locale qui connaît une hausse assez considérable en ce mois de Ramadan. Quid du contrat-programme 2010-2020 qui a bénéficié d’une subvention publique de 4,9 milliards de DH dans le cadre du Plan Maroc Vert pour le développement de la filière via un programme de plantation de quelque 3 millions de palmiers-dattiers ? Ce contrat-programme, signé entre le gouvernement et la Fédération interprofessionnelle marocaine des dattes et la Fédération nationale des producteurs de dattes, s’était fixé comme objectif de porter la production à 160.000 tonnes à l’horizon 2020, la valorisation de 110.000 tonnes et l’exportation de 5.000 tonnes de dattes de qualité supérieure. Les objectifs fixés n’ont seulement pas été atteints mais la production nationale dattière pour la saison 2024-2025, qui n’a pas dépassé 103.000 tonnes, a connu une baisse importante. Amère réalité.