Les propriétaires de hammams et bains publics ne sont pas contents et ils l’ont fait savoir. Motif: Les mesures de restrictions qui leur ont été imposées au nom de la lutte contre le stress hydrique sous forme de fermeture trois jours par semaine ( lundi, mardi et mercredi). La fédération regroupant les représentants de cette activité est montée au créneau pour demander la levée d’une restriction jugée préjudiciable aux travailleurs du secteur, les fameux « kessals » et «kessalates », estimés à quelque 200.000. Ce sont en effet ces derniers qui vont payer les pots cassés puisqu’ils ne seront pas payés pour les jours de chômage forcé qui les frappe. Rétribués à la journée, les « kessals » vivent essentiellement de la générosité de leurs clients pour un revenu dérisoire compte tenu de la pénibilité de leur métier .
Les priver de travail trois jours par semaine c’est réduire leurs ressources déjà modestes et les livrer à la précarité alors qu’ils ne sont nullement responsables du gaspillage d’eau. D’où la nécessité d’apporter un soutien public à cette frange de la population. Sauf à vouloir en faire la victime expiatoire du siphonage des ressources hydriques nationales.
Reste à aussi savoir si les restrictions imposées aux hammams traditionnels et modernes qui, il faut le signaler, utilisent essentiellement l’eau des puits , auront les effets escomptés sur l’économie d’eau, la causalité dans cette affaire n’étant pas évidente. C’est le citoyen-consommateur qui va encore trinquer, les propriétaires des Hammams augmenteront certainement les prix de leurs services pour compenser cette baisse d’activité. En général, le gros des Marocains sacrifient à ce rituel le week end connu pour être la période du grand rush. Les rares adeptes du lundi, mardi et mercredi, qui n’ont pas de contrainte de temps particulière , seront tentés de reporter leur instant Hammam les jeudis et vendredis. En d’autres termes, cette décision de fermeture trois jours par semaine ne fera que concentrer la consommation d’eau pendant les jours autorisés au lieu de la réduire. Un coup d’épée dans l’eau ?