De nombreux importateurs marocains, dont les containers sont bloqués au port de Casablanca depuis mars dernier pour cause d’état d’urgence sanitaire causée par le Covid-19, ont subi une double peine : la peine du coronavirus et celle de Safmarine. Explications…
La crise sanitaire liée au Covid-19 a révélé des profiteurs de crise d’un autre genre. C’est le cas de Safmarine Morocco qui a profité de cette conjoncture exceptionnelle et dure pour de nombreuses entreprises pour gagner beaucoup plus qu’en temps normal. Plusieurs clients de la filiale de l’armateur danois Maersk au Maroc l’ont appris à leurs dépens en entamant les démarches pour récupérer leurs containers chargés de marchandises bloqués au port de Casablanca depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire le 20 mars dernier. Mais quelle n’a été leur surprise lors qu’ils ont réceptionné la facture qui comporte les frais de magasinage. Aucune indulgence, l’armateur a appliqué un tarif plein pot, incluant le jour de déchargement des containers jusqu’à leur sortie du port. Le transporteur maritime, dont les bureaux sont basés à Casablanca, n’a rien voulu savoir, déterminé à se payer ses clients pour renflouer ses caisses de manière indue.
Certains importateurs ont tenté leur chance en adressant à à l’armateur un mail où ils lui ont exposé leurs difficultés financières pour demander un geste commercial qu’ils n’ont pas désespéré d’obtenir. D’abord parce qu’ils sont de bons clients et ensuite parce qu’ils ne sont pas responsables d’une situation exceptionnelle qui a gravement pénalisé leur trésorerie du fait de l’arrêt de leur activité. La réponse du responsable du nom de Johann Basilio a fait l’effet d’une douche froide. Une réponse en plus très laconique rédigée en anglais dans un style télégraphique, sec et sans tact : « Priés de noter que votre demande d’un geste commercial a été rejetée ». Point à la ligne. Sans aucune autre explication. Voilà qui montre l’importance de la relation qu’accorde ce transporteur maritime à ses clients tout en témoignant de sa volonté de maintenir une relation durable empreinte de respect et de confiance. Safmarine Morocco jette ainsi brutalement par-dessus bord les arguments pourtant recevables de ses clients touchés de plein fouet par la pandémie, exigeant d’eux de payer d’un seul coup les frais de magasinage jusqu’au dernier centime. A l’aide d’un chèque certifié s’il vous plaît ! Comme quoi, la confiance règne ! Les entreprises en affaires avec cet armateur n’ont d’autre droit que de subir ses conditions léonines. Drôle de partenaire ! Pour nombre d’importateurs, c’est la double peine : la peine du coronavirus et la peine de Safmarine !
La facture est particulièrement salée pour cette entreprise importatrice de denrées alimentaires qui a dû régler pour récupérer son container plus de 70.000 DH rubis sur l’ongle, soit 1.000 DH par jour !
La facture est particulièrement salée pour cette entreprise importatrice de denrées alimentaires qui a dû régler pour récupérer son container plus de 70.000 DH rubis sur l’ongle, soit 1.000 DH par jour ! Or, en temps normal, la facture de magasinage oscille entre 3.000 et 4.000 DH, étant donné que le séjour des marchandises au port de Casablanca étant en moyenne de 4 jours ! Or, ce n’est pas la faute des importateurs si leurs containers ont été confinés au port beaucoup plus longtemps que prévu… (pendant plus de trois mois) « Logiquement, nous sommes fondés à bénéficier d’une remise sur la facture du magasinage », explique, indigné un gros importateur de café qui n’a pas l’intention de subir le diktat de Safmarine en payant le plein tarif surtout qu’il a plusieurs containers à faire sortir. Des empoignades judiciaires en perspective ? Un autre importateur dans le même cas de figure renchérit, en colère: « C’est Safmarine qui était censé, alors qu’il est au courant de nos difficultés provoqués par un événement exceptionnel, prendre les devants et nous proposer une réduction du montant de la douloureuse comme l’a fait Maroc Telecom qui m’a fait bénéficier sans qu’on je le lui demande d’un report des paiements des factures de téléphone de mars , avril et mai avec en plus une réduction sur le montant total ».
En fait, les importateurs de café sont liés aux secteurs, cafés, hôtels et restaurants (CHR), dont l’activité a été suspendue sur décision de l’Etat. Cette mesure brutale et inattendue a gravement pénalisé la trésorerie des torréfacteurs et mis en péril pour certains d’entre eux leur survie. Non seulement ces derniers n’ont pas pu écouler leur marchandise bloquée au port auprès de leurs distributeurs mais ces derniers se sont vus également empêchés de récupérer le paiement de leurs livraisons de café antérieures auprès de leurs clients que sont principalement les cafetiers. Quant à Safmarine, il n’en a cure, décidé à ne pas faire le moindre petit cadeau ses propres clients. A l’abordage !