Des manifestations et blocages de routes ont eu lieu dimanche 16 juin et lundi 17 juin, dans la région de Tiaret en Algérie, pour protester contre une grave pénurie d’eau potable.
Une horde de citoyens en colère marchant sous un soleil de plomb des seaux désespérément vides à la main , tandis que d’autres dressent des barrages et mettent le feu aux pneus. La situation est tendue à Tiaret et les villes voisines. À Rahouia, à environ 40 km de Tiaret, les habitants ont empêché le préfet de quitter le siège du district tant qu’il n’écoutait pas leurs revendications. Depuis plusieurs semaines, cette région déshéritée , située à 280 km au sud-ouest d’Alger, est aux prises avec une grave pénurie d’eau potable qui dure depuis des mois. Les cours d’eau de la région semi-désertique et le barrage de Bakhedda, seule source d’approvisionnement de la zone, sont à sec depuis mai.
Un problème existentiel pour la population que le président Abdelmadjid Tebboune avait pourtant promis de résoudre avant la fête de l’Aïd Al-Adha en convoquant un conseil des ministres le 2 juin où il a chargé les ministres de l’Intérieur et des Ressources hydrauliques d’élaborer un programme urgent pour résorber la crise, dans les 48 heures. Le lendemain, les deux ministres Brahim Merad et Taha Derbal se sont rendus à Tiaret et ont présenté un plan pour résoudre le problème «avant l’Aïd al-Adha». Visiblement, l’eau n’a commencé à couler de nouveau que dans les robinets des habitations du centre-ville et pas dans les autres quartiers, selon les déclarations d’internautes sur la page « Eau algérienne». Les habitants attendent toujours une solution durable et équitable pour tous les quartiers de Tiaret qui n’ont pas eu d’eau pendant plusieurs jours, dès le début de la fête, une période de grande consommation d’eau. Leur forfait patience épuisé, ils se révoltent en donnant libre cours à leur colère.Un président qui arrose ses concitoyens de fausses promesses, c’est la goutte qui a fait déborder le vase. Mais ce n’est pas étonnant dans un régime impie qui nage historiquement dans l’incurie et l’incompétence qu’il peut se noyer dans un verre d’eau. Du côté des autorités, c’est le black-out total. Aucun média public ni privé n’a fait état de ces émeutes de la soif, là où l’on voit que les médias aux ordres sont, eux, bien arrosés par les pétrodollars. Cette insurrection intervient dans un contexte particulier, à quelques mois de l’élection présidentielle anticipée du 7 septembre. Le président Tebboune n’a pas encore annoncé sa candidature, mais il a soif d’inaction caricaturale au pouvoir.