Le climat politique et social en Algérie devient irrespirable à cause de la répression policière qui s’abat avec férocité sur les citoyens qui manifestent leur mécontentement de manière pacifique.
Laila Lamrani
C’est connu, il ne fait pas bon protester en Algérie où les mécontents qui osent crier leur ras-le-bol publiquement sont victimes de répression. Le hashtag, «# je suis mécontent», traduction du hashtag en arabe «# manich radi », lancé par un ressortissant algérien sur les réseaux sociaux, est devenu viral, devenant un symbole fort des frustrations de la population algériennes aux prises avec de multiples privations et de l’incurie de ses dirigeants à la botte de l’armée. Ce qui a entraîné une vague de mécontentement qui secoue le pays depuis plusieurs semaines. Ce hashtag a surgi dans foulée la chute début décembre 2024 du régime syrien qui a en commun avec son homologue algérien l’oppression des voix dissidentes, l’impéritie chronique des dirigeants et la répression de toute manifestation fut-elle pacifique. Ce hashtag où se retrouvait une partie écrasante de la population a été relayé par des jeunes Algériens, explique Zakaria Hannache, défenseur des Droits de l’Homme, réfugié à l’étranger. « Ça a explosé sur les réseaux sociaux parce que ce hashtag-là représentait ce que les Algériens pensent. Ça a été suivi par des jeunes, des citoyens, qui ont montré leur mécontentement de la situation politique et économique en Algérie », ajoute-t-il.
Pris d’une peur panique face à ce Hirak pacifique qui prend de l’ampleur, la dictature militaire en place a réagi violemment en multipliant les arrestations dans les milieux des protestataires pacifiques. Les interpellations sont effectuées sur l’ensemble du territoire national par la police nationale, la gendarmerie, mais aussi par des agents des services de sécurité. Une trentaine de militants ont été placés en garde-à-vue, d’après les chiffres d’un militant des droits de l’homme. L’inénarrable président Tebboune en personne est intervenu publiquement dans ce dossier et l’onde de choc a même touché la France, puisque des influenceurs algériens émergeant chez le régime honni ont été arrêtés en France pour apologie du terrorisme après avoir appelé sur les réseaux à l’assassinat des opposants.